Les mondanités n’étaient pas ton fort. Depuis ta victoire sur le Conseil quatre de ta région natale, et ton rang de Maître Pokémon, tu n’avais jamais eu un énorme plaisir à te perdre dans ce jeu d'apparat et de réceptions se multipliant à tour de bras. Tu restais quelqu’un de simple qui, certes, savait profiter d’un certain confort depuis cette fameuse renommée et ce qu’elle octroie comme privilège. Mais un homme du peuple avant tout. Préférant s’enrichir des trésors d’une vie loin des appareils photos, des strass, des paillettes et de toutes les conneries du genre. Bien évidemment, il n’était pas seulement question QUE d’une fête mondaine. L’invitation était pour tous les heureux de cette région. Qu’importe le statut de tout un chacun… Même si au fond de toi tu ne croyais clairement pas à l’éventualité qu’un simple commerçant de Céladopole soit tiré au sort sans que les membres du Conseil de la Ligue ou les champions d’arène ne soient présents. Il ne faut pas se leurrer : certaines catégories de personne ne seraient jamais laissées entre les mains du hasard le plus total. À se demander d’ailleurs si c’était pour ton statut ou par pur hasard que tu avais obtenu toi-même cette invitation… Les organisateurs devaient être parfaitement informés en tout cas. Car, pour savoir que tu étais présent ici-même, il fallait déjà le faire! Toutefois, il n’y a pas trop de cynisme de ta part quant au fait de considérer cet événement comme un véritable présent pour les citoyens de cette région. Tout divertissement serait bon à prendre pour eux. Les tragédies ayant frappé récemment Kanto n’étaient pas des moindres. Et que cela soit pour soigner leur image ou de façon totalement désintéressée, tu ne pouvais nier que c’était assez généreux pour des nantis de se décarcasser de la sorte afin d'apporter un peu de joie et de réconfort en ces temps troublés.

Même si tu ne l’admets pas ouvertement, pour toi cela faisait du bien aussi. Tu t’étais fait violence pour venir. L’intérêt était quasiment inexistant à deux détails prêts ! Primo, et d’une, c’était une occasion pour ton esprit de lâcher prise avec ces histoires de légendaires… Et Dieu sait à quel point tu avais pris en compte l’importance du lâcher prise depuis la dispute et la ‘séparation’ avec ta soeur. D’ailleurs, en parlant d’elle, tu ne pouvais t’empêcher de t’interroger : serait-elle présente ou non? Rien n’en n’était moins sûr - si ce n’est cette fameuse certitude mentionnée plus haut. Une raison d’éventuellement célébrer des retrouvailles et crever un abcès trainant depuis trop longtemps? Et secundo, Cynthia y était conviée. Tu ne lui avais rien dit lorsqu’elle t’en as parlé. Tu n’as exprimé aucunement que tu avais reçu une invitation, ni même ton intérêt pour cette soirée. Autant parce que tu n’étais pas certain de venir que pour la surprendre si tu y venais. Et cette notion même de surprise a été ce moteur te décidant finalement à enfiler un élégant smoking, le premier depuis un bon paquet d’années, et de te présenter à l’Océane pour participer à cette fameuse croisière de luxe et de rêve. Ladite invitation validée, tu peux d’ailleurs te confronter à ce qui se pare d’un véritable luxe et d’un véritable rêve pour le commun des mortels, le commun des citoyens de la classe moyenne, voire même pauvre. Tout y est chic, soigné, conçu à la perfection sous le contraste de tenues plus luxueuses et habillées que certaines autres. Chacun venant comme il le souhait ou le peut, ta contemplation se perd sous la montagne de visages inconnus alors que tu te réfugies sous la réception d’une coupe de champagne… Cynthia serait-elle bientôt là? Céleste était-elle déjà présente? Regretteras-tu d’être finalement venu? Il était encore trop tôt pour avoir la moindre réponse!

Il est toujours gratifiant de se surprendre à des demandes de selfies ou bien d’autographes lorsque l’on est invité à une soirée dont on ne demeure pas le personnage principal. La manifestation de l’intérêt d’autrui, de fans, se voulait la plus belle des récompenses que tu pouvais recevoir. Il est parfois étonnant de se remémorer ton parcours et de se rappeler que tu as vécu littéralement comme un pauvre, un sans-abri, un clochard durant quelques-uns de tes voyages. Toi. Ce célèbre romancier. Cet homme à l’allure aussi classe que décontractée. Sous une coiffure parfaitement ajustée et une barbe taillée au millimètre près. L’héritier d’une famille de mineurs, déshonorant son père et vivant tel un marginal dans la misère et la survie, ce soir présent au coeur de cette croisière historique… sous sa plus belle allure et son plus chic visage… Oui, la vie est sans cesse en mouvement et remplie de surprises dignes de tous les rebondissements que tout roman digne de ce nom se doit de posséder. Charmeur séducteur qui se complait du contact avec la gente féminine, tu ne manques pas de glisser un clin d’oeil par-ci, un compliment par-là, tout en faisant toutefois preuve d’un certain respect auquel tu ne déroges jamais. En effet, être un charmeur, un séducteur, un bohème volage changeant pratiquement d’amante à chaque nouvelle journée, ne veut pas dire que tu considères les femmes comme des objets ou un simple morceau de bétail. Non! Tu avais l’intime conviction que le respect et ta nature de don juan pouvaient toutes les deux coexister. Rien que par ta franchise, ta sincérité et ton art de ne jamais faire voir monts et merveilles au-delà d’une simple nuit. De l’autre côté, cela devenait presque un leitmotiv lorsque tu te rends dans ce genre de festivités : tu arrives seul, mais au bras de qui repartiras-tu?

Que la vertu de ces belles demoiselles se rassure, le prédateur demeurait endormi et ne se mettait pas encore en chasse. Il faut dire que tu es plus à marcher au coup de coeur et que tu ne contrôles pas le déroulé des évènements. Tu n’es pas homme à te mettre un objectif de conquête ou de séduction en tête. Tu es plutôt celui qui se laisse porter par la vague, à l’instar de ce navire, tout en profitant des bienfaits que peuvent t’apporter chaque rencontre et chaque imprévu qui se manifeste. Et en ce sens, tu vas juste te contenter de saluer ces fans dont tu peux prendre congé et te perdre dans quelques salutations de visages plus ou moins connu jusqu’à ce qu’un plateau de coupes de champagne croise ta route et que tu y voles une coupe comme si tu étais dans votre propre bar, ta soeur et toi. D’ailleurs, prise de conscience, car tu ne te souviens plus si vous aviez réellement discuter de cette soirée avec Sisi. Le fait que tu passes ton temps dernièrement à te perdre entre ta musique sur la scène de votre bar et les prémisses d’un nouveau roman n’aidait clairement en rien ta mémoire à se concentrer sur les choses plus concrètes comme celle-ci. Ce dont tu es certain, néanmoins, c’est de reconnaître ce visage que tu perçois à quelques mètres de toi. Silhouette agréable pour une personne sympathique. Le genre de femme avec qui le charme avait rapidement laissé place à un contact spontanément plus simple et amical. “Céleste ! Je me demandais justement si les membres du Conseil quatre feraient partie ou non des heureux élus…” Souffles-tu dans un sourire, ta coupe dans une main, l’autre venant se poser sur le bras de la demoiselle que tu viens embrasser sur ses deux joues en guise de salutations. “La bande sera au complet ou bien tu es venue seule, dis moi?” La libéras-tu de ton contact tout en venant avaler une gorgée de ta coupe.

@Céleste Finnegan

Une croisière pouvait être considérée comme une véritable perte de temps dans la configuration actuelle des choses. Néanmoins, cela avait le mérite ironique de te permettre d’avoir davantage la liberté de profiter d’une soirée au lieu de demeurer chez toi et dans chacune de tes manigances. Il est tout de même à noter que la discussion que tu avais entretenu avec Granite à Cramois’Île sortait déjà une énorme épine du pied. Votre tandem reprenant le contrôle de l’organisation, TOI, prenant cette place de leader que tu ne partages que pour la forme, symbolisait un énorme pas en avant dans tes ambitions personnelles. Le nettoyage et la restructuration de la Team Rocket avait été décidé. Il ne manquait plus qu’à s’assurer de la validation de certaines offres et de certains ‘pions’ précieusement choisi à des places stratégiques… Et le tour serait joué! Tu demeurais sur l’attentive, dans l’observation, dans la prudence la plus totale de chaque nouvel événement pouvant survenir. Mais cela ne changeait pas de ton comportement habituel en soi. C’est ce que tu as toujours fait et fera toujours. Car tu es un esprit perpétuellement en mouvement. Un esprit de calcul. D’ambition. De pouvoir. D’influence. Un esprit qui ne peut se permettre de lâcher prise, en aucune façon. Exception faites auprès de la personne la plus importante dans ton entourage et dans ta vie. Cette même personne auprès de laquelle tu quittes ce lit, cette couche que vous avez entachée de votre passion secrète avant de vous préparer pour ladite croisière en question. L’Océane voulait mettre les petits plats dans les grands. Bon nombre de visages, connus et moins connus, de Kanto serait présent. Vous aviez été invitées. Comment en aurait-il pu être autrement? Tirage au sort ou non, tu étais l’une des pièces de plus en plus maîtresse de cette région. Ne pas te convier à ce genre d’événement serait une terrible erreur… Même si tu n’hésiterais pas à te soustraire à certaines obligations mondaines par moment…

C’est comme si de rien n’était, comme s’il n’y avait que la patronne et son assistante, que tu fais ton entrée sur le navire. Ce ne serait pas ce genre de croisière où tu te laisserais aller à glisser ton bras autour d’Autumn ou de demeurer extrêmement tactile avec elle. Le cadre n’était pas assez privé, ni suffisamment intimiste. Néanmoins, tu n’étais pas particulièrement avide de ce genre d’effusion en dehors de vos moments à deux. Dans un sens, ce n’était pas un ‘effort’ que de devoir demeurer professionnelle. De toute façon, cela avait toujours été le fait de ta volonté. Quiconque à part Autumn connaîtrait ta vie privée, cette personne serait éliminée sur le champ. Car pour le monde, tu ne laisses qu’être un amas de supputations et de rumeurs en tout genre, sans jamais dévoiler réellement ce qu’est ta réelle existence derrière chacune de tes étiquettes. Le mystère est une partie non-négligeable de cet étrange charisme magnétique que tu peux dégager aux yeux de certains ou d’autres. Si tu demeurais proche de ton assistante, il ne faut bien évidemment pas oublier la présence d’Opale, ton redoutable Mentali de compagnie et d’apparat qui n’hésitait nullement à attirer d’autres regards de la part de dresseurs ou de fans incontestés de ce genre de Pokémon. Elle demeurait sur ses quatre pattes, juste auprès de ta jambe, sa queue virevoltant dans une lenteur calme et sereine de droite à gauche tout en se désintéressant des attentions qu’elle pouvait susciter. Suffisance identique à sa maîtresse. Compréhension et ressemblance parfaite. “Hm, je présume que Caleb ne devrait pas trop tarder.” Glisses-tu à l’attention de ta partenaire de vie, tout en réceptionnant la coupe que vient vous tendre l’un des serveurs présents. “J’espère que ma proposition d’avancement te convient toujours, d’ailleurs…?” Arque-tu un sourcil avec ce charme naturellement fatal que tu peux avoir, mais encore plus qu’elle seule peut ressentir. Ton verre se porte à tes lèvres alors que tu profites d’un instant d’observation afin de caresser sa tenue et sa silhouette le temps de ta gorgée. “À moins que tu tiennes à me faire un volte-face de dernière minute?” Ponctues-tu d’une tonalité taquine et malicieuse sans la lâcher des yeux.  

Vidant tranquillement ta coupe tout en déambulant lentement, calmement, au coeur des convives, ton regard ne cesse de se porter de droite à gauche. Tes yeux font le plus gros du mouvement là où ta tête demeure presque immobile. C’est assez paradoxal de ressentir le confort de l’anonymat autant qu’une forme de gêne. Celle de n’y connaître personne, ou de ne pas appartenir à ce monde présent en ces lieux. Il était important de lâcher prise mais que diable faire ici à part pour elle? Une partie de toi le sentait : ce n’était pas particulièrement ta place. Tout comme cet instinct que tu avais décidé de défier. Cet instinct t’inspirant cet a priori pour le moins négatif, inquiétant. Un peu comme si quelque chose d’important ou de désagréable risquait de se produire ce soir. Simple angoisse à l’idée de devoir faire face à sa soeur, ou bien sentiment beaucoup plus diffus se contentant de torturer tes sens afin qu’il demeure en alerte? Si tu étais de mauvaise volonté, tu te contenterais très certainement de tourner les talons une fois ta coupe terminée et quitter ce bateau. Seul problème? Le navire avait déjà pris la mer et le port n’était pas à côté. Oui, tu étais coincé à bord. Au moins te resterait-il le pont, l’extérieur si jamais les murs de cette infrastructure se mettaient à vouloir t’étouffer ou te taper sur les nerfs.

Lueur éclatante. Scintillement éclatant. Découverte de cette saveur qui traverse la foule à ta rencontre dans une beauté des plus somptueuses et charmantes. Tu reposes ta coupe vide sur un plateau qui passe à tes côtés alors que tes yeux demeurent ancrés sur cette silhouette, sur ce corps, que tu connaissais déjà si bien… Elle était là. Elle était face à toi. Elle était sous la légèreté et la grâce de sa splendeur naturelle. Un ensemble à la fois plus décontracté et festif, mais néanmoins raffiné et du plus bel effet. Son sourire te prend en otage, encore plus que votre dernière fois. Envoutement ne cessant de se renforcer continuellement au fil du temps et de chaque contact partagé avec elle. Les traits de ton visage se dérident pour répondre à son sourire avec cette allure de séducteur et cette lueur de charme qu’elle t’inspire. Trace d’une complicité plus qu’évidente, lourdement déjà exprimée par le passé. Un passé faisant partie de ce présent vous réunissant ici-même. “Je me suis dis que je ne pouvais pas laisser mon homologue de Kanto être prise au piège de cette croisière…” Glissa-tu sous ce ton de charme et de douce taquinerie tout en étirant le sourire de tes lippes. Sa caresse te fait frissonner. Tu souris encore plus belle en laissant vos lèvres se capturer quelques instants. Sa réaction te touche et t’amuse à la fois. Au moins, tu auras été à même de choisir une tenue adéquate et sachant éveiller son intérêt. Tu ne te prives pas de lui rendre la politesse en glissant davantage le regard sur sa plastique et sa robe. Mains qui se posent sur ses hanches, tu te ravances vers elle afin de briser l’espace entre vous. “Je me doutais que le niveau serait assez lourd en face, tu vois…?” Sussures-tu en déposant, avec une volonté plus langoureuse, tes lèvres sur les siennes…

Un éclair te transcende. Un coup de poignard t’assassine sur place. Ton corps se fige. Tes gestes s’immobilisent quelques secondes avant que ton visage ne se tourne et que ton être reprenne sa posture initiale de tout son long. Tu blémis. Tu blémis autant que semble le faire ton aînée. Tu le savais pourtant! Tu le savais qu’elle risquait d’être là ce soir! Était-ce pour cet instant précis que ton instinct s’était mis en alerte et en stress depuis que l’Océane avait levé l’ancre ou, plus précisément, depuis que tu y avais posé le pied dessus?! “Cé… Céleste…???” Tu n’oses même plus conserver le moindre contact avec Cynthia. La surprise et la stupeur sont trop fortes au même titre que tu ne veux pas impliquer la Maître de Kanto dans cette histoire de famille, te reliant à une membre du Conseil des Quatre que Cynthia elle-même côtoyait certainement plus que régulièrement. “Tu…” Tu ne sais pas quoi dire. Tu es paralysé comme un imbécile dans l’esprit duquel se retrace à toute allure tous les souvenirs, bons comme mauvais, que tu avais pu partager avec ta grande soeur. Source d’une chaleur réconfortante et d’une douleur harassante. Toute cette confiance, cette certitude et cette forme d’arrogance que tu peux avoir s’envole en un claquement de doigts. Tu ne vaux clairement pas plus qu’un gamin qui vient de se faire prendre en faute par l’un de ses parents! La regardant… La fixant… Ton visage émet une montagne de micro-expressions démontrant que tu n’arrives pas à trouver tes mots. C’est alors que ton courage s’envole en une simple phrase et une tentative de fuite remplie de maladresse. “Je…” Tu lèves tes mains à hauteur de ton torse, dans le vide. “Je crois que j’ai besoin d’un autre verre…” Souffles-tu en tournant les talons, cherchant un plateau rempli de coupes de champagne : très courageux, Monsieur le Maître de Kalos!

@Cynthia Wright & @Céleste Finnegan