A METTRE A JOUR


Yantreizh.
La ville maritime. La ville de mon enfance. De mes premières rencontres. De mes premiers amours. Là où mon amour des Pokémons est né. Là où ma passion pour leur fonctionnement, leur évolution, leur reproduction, a vu le jour. Le bord de l'eau. L'air marin. Les longues après-midi passées dans le sable à regarder les vagues venir s'écraser les unes après les autres dans un cycle incessant. Les heures passées là à réfléchir, observer, dessiner. Tellement de petits Pokémons qui passaient, nageaient, marchaient, volaient autour de ce lieu incomparable. Des petits Paras dans le sable. Des Goélises dans le ciel. Mais les plus merveilleuses créatures émergeaient de l'eau elle-même. La légende racontait qu'il était parfois possible de rencontrer un Lokhlass mais les planètes ne s'étaient jamais alignées pour m'offrir cette chance. J'avais pu apercevoir des Babimanta une fois, mais c'étaient les créatures les plus rares que j'ai pu y croiser. Bien plus souvent des Tentacool et Lovedisc peuplaient ces eaux. Pourtant, au milieu de toutes ces créatures aquatiques, ce n'est pas vers elles que mon coeur s'est porté lors de mon premier choix de spécialisation. Parce que c'est là bas aussi que je fis la rencontre de la parfaite association. Le premier Loupio de ma vie.

Chiro.
Je n'étais qu'une enfant lorsque Loupio fit irruption dans ma vie. Il était encore tout jeune, comme moi. Il reflétait parfaitement ce que je voyais en moi. A son type eau, j'associais le confort, le monde connu, ma maison. C'était le type que je voyais partout, le choix de tant de mes amis, une spécialisation presque attendue. Mais Loupio ne s'arrêtait pas là. Il était avant tout un Pokémon électrique. Plein d'énergie, de ressources. Sa lumière pouvait éclairer mes pas. Des petites décharges venaient signifier son trop plein d'émotions. Un type détonnant mais qui me ressemblait tellement. Moi qui avais parfois l'impression de ne pas être à ma place dans ma vie, mon environnement, ma famille. J'étais entourée et aimée mais si souvent à côté de la jolie ligne qu'ils formaient, si souvent détonante moi aussi. Parmi eux sans vraiment l'être. Ils m'acceptaient pleinement mais ne me comprenaient pas forcément. Ce Pokémon à double facette fut donc mon tout premier compagnon et si j'avais dû faire un choix, ou plutôt reconnaître l'évidence, et m'orienter vers des Pokémons aussi électriques que moi, je n'oubliais jamais que mes Loupios - parce que Chiro avait été le premier mais certainement pas le dernier - étaient aussi des Pokémons eau avec des besoins spécifiques à leur double type. Je les acceptais tout entier et je voulais que ma spécialisation reflète aussi cette dualité. A première vue, l'eau me correspondait peut-être moins mais elle faisait tout aussi partie de moi. Parce qu'elle était au coeur de la vie même. Parce qu'elle me rappelait mon foyer, mes racines, mon passé. Parce qu'elle représentait des traits auxquels j'aspirais : sa souplesse, son adaptabilité, l'impossibilité de la briser.

Marie.
Et il y a quelques semaines, Marie. La jeune Marill qui avait croisé mon chemin à un moment où j'en avais besoin. Sa douceur et son zeste de folie en faisaient une compagnon attendrissante et précieuse. Sa queue géométrique rappelait la forme de la foudre, comme sur beaucoup de pokémons électriques, bien que sa fonction était tout autre : elle servait de ressort, maintenant le bout de sa queue à la surface, flottant, lorsqu'elle plongeait dans les profondeurs de l'eau. On ne l'aurait pas dit comme ça, mais c'était une vraie petite boule de courage, cette Marill. Elle n'avait pas peur de plonger dans l'inconnu des océans ou lacs qui croisaient notre route. Une rencontre récente mais qui vint confirmer mon amour grandissant pour deux autres types de pokémons : Eau & Fée. Deux nouveaux univers à découvrir, explorer et comprendre.

Techniquement, Sophie avait suivi une formation de dresseuse. Elle savait se défendre, bien entendu, c'était un pan essentiel à la capture des Pokémons, elle l'avait appris à ses dépens. Parler avec douceur et tendre des baies ne fait pas fondre tous les Pokémons sauvages, tristement. Pourtant,Sophie n'avait jamais encore tenté de se confronter à la ligue officielle de Kanto. La quête des badges. Un rêve pour beaucoup de jeunes enfants. Ca n'avait jamais réellement été celui de Sophie, elle préférait s'imaginer avec des centaines de Pokémons différents, et même certains inconnus jusque là. Un rêve qu'elle n'a pas abandonné et chaque jour, elle continue à rechercher de nouveaux compagnons de route. Mais il était temps d'entreprendre une quête secondaire. S'armer de badges pouvait apparemment aider à peaufiner sa technique et apprendre à éduquer des Pokémons plus avancés. Sans compter que c'était l'un des rares moyens de prouver sa crédibilité en tant que dresseuse. Une fois son choix de combattre fait, il ne restait plus que la question : par où commencer ? Sa décision de s'attaquer à l'arène d'Azuria pour obtenir le Badge Cascade pouvait sembler être le choix de la facilité pour une dresseuse spécialisée en type Electrik, mais c'était aussi un choix logique pour la jeune femme puisque c'était l'arène la plus proche. Elle n'allait pas partir à des kilomètres de distance pour se prendre une raclée officielle. Avoir l'avantage de type était un bonus rassurant.

J'attrapais toutes mes pokéballs, des baies, mon courage et je prenais la route vers l'arène. L'arène était à l'image de son type, avec un bleu rassurant et de l'eau de partout. Mon double type allait m'être utile. Avec mes Loupios, j'avais des Pokémons capables d'attaques de type Electrik et complètement à leur aise dans une aire de combat aquatique. C'était une championne aux cheveux de feu qui m'attendaient, Ondine qu'elle s'appelait. Elle m'expliqua ses règles de combat. Deux pokémons contre deux. Je peux choisir à tout moment d'abandonner le combat, et donc ma chance au badge. Sinon, c'était un combat jusqu'au K.O. J'acceptais ses termes et sortis deux pokéballs de mes affaires. Chiro et Chira, sans hésitation. C'était peut-être naïf de ma part de ne pas mixer mes Pokémons. J'en avais tant qui auraient pu combattre à mes côtés. Mais je connaissais mes Loupios sur le bout des doigts, nous avions une confiance absolue les uns dans les autres et ils faisaient une si belle équipe. Je les envoyai au combat et ils plongèrent naturellement dans l'eau. Face à moi, Ondine révéla ses deux pokémons. Je reconnus tout d'abord un Psykokwak, qui se percha sur un rocher à sa droite, puis dans un éclat violet un Staross apparut qui se mit à l'eau. Une belle équipe, mais les deux restaient sensibles à l'électricité. Il s'agirait maintenant d'être rapide et coordonné. Alors que Staross envoyait déjà un rayon depuis son centre, sans doute une attaque de type Psy, Psykokwak plongea dans l'eau en direction de Chira. Parfait, ils étaient maintenant tous les deux en contact de l'eau. J'ordonnai à mes Loupios d'ensemble lancer une attaque Coup d'Jus sur l'eau de la piscine. Les petits poissons qui nous faisaient face allaient découvrir l'effet du double type. Le rayon psy de Staross toucha Chiro qui tomba à l'eau, mais il était déjà trop tard. La foudre avait été lancée et l'eau était un conducteur efficace. Les deux Pokémons furent instantanément touchés et paralysés par l'attaque. Le temps que Chiro se remette de ses émotions, j'indiquai à Chira d'achever le Staross. Le Psykokwak ne semblait pas prêt de se relever de cette première attaque. « Envoie une Boule Elek ! » La boule d'électricité toucha sa cible et mit fin au combat. L'air s'échappa enfin de mes poumons, et je réalisai que j'avais retenu mon souffle sous le coup des émotions. Je me précipitai alors vers Chiro, il se réveillait doucement et je lui proposais des baies pour l'aider à se remettre avant de les faire tous deux rentrer dans leur ball. Un sourire m'échappa alors quand la réalisation me frappa. J'avais réussi. Mon tout premier badge.

Le premier badge s'est très bien passé. Il n'y a pas de raison d'angoisser pour le second. Il s'est bien passé. Le combat s'est bien passé. Je ressassai mes souvenirs tels un mantra alors que l'angoisse me gagnait. Le calme apparent du champion qui me faisait face n'aidait en rien. Il semblait si différent de la jeune championne aquatique, si dynamique et pétillante. Il semblait distant, mais tellement... sage. J'aurais sans doute beaucoup à apprendre de ce combat, mais j'avais peur que mes Pokémons doivent payer pour mes apprentissages. Après que la première arène m'ait permis d'exploiter les talents de mes Pokémons électriques, j'avais décidé de tenter l'arène de Jadielle, où le champion se spécialisait en pokémons de type sol, pour mettre à profit mon second type : l'Eau. Faire combattre des Pokémons eau sur terre ferme pouvait sembler être un choix dangereux mais tous les poissons ne perdent pas pied hors de l'eau, certains même se plaisent à se tenir sur terre ferme. Marie en était un parfait exemple. Mon Marill se plaisait à plonger dans l'eau comme à se balader sur le sable fin qui parsemait l'arène où nous nous trouvions. Rien toutefois nous avait préparé au Steelix qui nous faisait face, immense et imposant. Notre seul espoir désormais était que sa taille et son poids l'empêchent d'être rapides. Marie était légère comme le vent, il lui fallait esquiver et attaquer avant que le Pokémon adverse puisse l'écraser. « Tu peux le faire Marie ! Sois vive comme le vent » Il nous faudrait un sacré combo pour arriver à bout de ce gigantesque Pokémon. « Invoque la pluie, utilise Rebond pour arriver jusqu'à lui et une fois sur lui envoie tes Bulles d'O ! » Je croisais les doigts pour que Marie parvienne à ses fins avant que le Steelix ne puisse la frapper de sa queue d'acier. La proximité si Marie arrive à se placer sur son dos devrait limiter la force des attaques du Steelix. Ce serait comme essayer de mordre sa propre queue. Et bouger quand on a une telle stature est bien plus difficile que quand on peut juste bondir le long de sa colonne. La force contre la vitesse. Est-ce que mon petit Marill viendrait à bout de l'impressionnant Steelix ? J'y croyais avec toutes les fibres de mon corps. Tandis que la pluie s'abattait sur la zone de combat, Marill bondissait d'un côté à l'autre, évitant la tentative d'attaque du Steelix, et prenant de la vitesse pour bondir sur son dos. Une fois en position, elle put inonder de bulles d'eau le Steelix qui se fit attaquer de toute part. Sa sensibilité à l'eau fit le reste. J'avais vaincu. Il n'en fut pas moins que ce combat avait demandé réflexion et stratégie, malgré mon avantage de type. Je ne pouvais donc pas compter que sur ce dernier. Une leçon essentielle à retenir, je le pressentais. Il ne fallait pas que je néglige que mes Pokémons avaient eux aussi leurs faiblesses, pour commencer. Des capacités de type électrique auraient été bien inutiles contre des Pokémons de type Sol, il fallait donc apprendre à chaque pokémon à se diversifier pour ne pas se retrouver sans recours. Et il ne fallait pas oublier de bien réfléchir à une stratégie de combat, des combinaisons d'attaques, un bon timing. Chaque détail pouvait changer le cours des choses au cours d'un combat.

Aujourd'hui, c'était au tour de Sirena de briller. Le Barpau s'était vaillamment entraîné ces dernières semaines et était prêt pour un combat officiel. Si l'apparence du Pokémon poisson ne présageait en rien de ses capacités, Sirena était faite pour le combat. Quand je lui avais proposé de se préparer pour l'arène de feu, elle s'était donné au delà de ses capacités, jour après jour, prouvant qu'elle pourrait réussir tout défi qui se présentait à elle. Et hier, la révélation qu'il était temps pour nous de venir nous confronter à l'arène de Cramois'île. A la fin de son entraînement quotidien, le Pokémon poisson en frétillait de joie, plus encore que d'habitude. Elle s'agitait frénétiquement, avant qu'une lumière ne l'enveloppe. Je l'avais regardée d'un air étonné. Est-ce qu'elle allait ... ? Un Milobellus était alors apparu devant moi, confirmant ma suspicion