Avidité de puissance. Recherche du pouvoir. Intérêt pour l'inattendu et l'inédit. Quête d'un raffinement presque féerique improvisé. L'élégance pouvait apporter un poids, tant dans un affrontement physique que social. Et puis, comment renoncer à l'idée de rajouter une merveille à sa collection personnelle ? Tu le sais. Tu le sais pertinemment au fond de toi. Ce Pokémon que tu as choisi d'adopter, ce n'était clairement pas pour la charité ou le fait de verser une misérable somme d'argent pour les sinistrés du Bourg-Palette. Ton choix était intéressé dés le début par cet étrange et petit Tarsal. Solitaire. À l'écart des autres pokémons adoptables et des autres représentants de son espèce. Calme. Silencieux. En retrait mais captant une attention : la tienne. Tu le vois ce Tarsal. Et tu penses automatiquement au premier Pokémon qui a été le tiens. Abra. L'étrange Abra. Souvent moquer. Souvent 'incapable'. Mais mû d'une puissance sommeillant profondément en lui et ne demandant qu'à s'exprimer. Un Tarsal qui te replonge dans les souvenirs de ton enfance. Les souvenirs du début de ton adolescence. Tu vois dans ce Tarsal ce que tu as pu subir, autant que ton Abra. Un sourire sournois s'était alors étiré sur le coin de tes lèvres en prenant ta décision. Tarsal serait tiens. Tarsal serait un autre Abra. Et Tarsal serait le troisième visage de la trinité psychique que tu visualisais parfaitement dans ton esprit. Voilà pourquoi tu l'as choisi. Voilà pourquoi tu l'as adopté. Pas de sentiment. Juste une autre recherche de la perfection à un niveau moindre que celle incarnée par ta folie et ton obsession !

Il va de soi que faire dans le sentiment n'est absolument pas ta spécialité. Avec certains Pokémon, cela s'avérer un véritable problème. Ces créatures qui ont besoin d'une attention particulière. Celles qui recherchent les attentions et les marques d'affection en tout genre pour se livrer corps et âme à leur dresseur. Pour ce Tarsal, en revanche, cela ne semblait avoir aucune importance. À ta grande satisfaction, il ne semblait guère témoigner de plus d'émotions que toi. Il était souvent calme. Stoïque. Silencieux. Toisant. Observateur. Différent, tout simplement. Une constatation qui ne faisait que gonfler ta satisfaction de l'avoir 'senti', de l'avoir choisi lui en particulier. Et une double satisfaction de pouvoir procéder à un entraînement solide et intense afin de le mener au niveau de ses congénères aussi rapidement que possible. Tu n'as eu de cesse d'user de ton trio d'inutiles. Mr. Mime, Soporifik et Qulbutoké furent réquisitionner non stop pour écrouer et éprouver les maigres compétences de ce Tarsal afin qu'il puisse grandir. Grandir. Se renforcer. Faire appel à ce qu'il pouvait avoir en lui. Et c'est finalement Mr. Mime qui fit les frais de cet éveil que tu attendais tellement de la part de ton Tarsal. Tu ne le guidais même pas. Tu le laissais faire face à sa manière face à son vis-à-vis. Ta position n'était alors que celle d'une grande figure de l'ombre, faisant passer un casting pour ne garder que le meilleur de tous les candidats. Car avant que tu entraînes personnellement Tarsal, il fallait que ce dernier puisse prouver qu'il était à la hauteur de tes espérances. Il y eut cet énième affrontement. Il y eut cet énième combat. Tarsal avait-il ressenti ce que tu souhaitais de lui ? Seul lui aura à jamais la réponse. Toujours est-il que sous les assauts psychiques du Mr. Mime qui se trouvait face à lui, Tarsal a ressenti l'agression de trop. L'attaque qui fit déborder le vase de son calme et de sa patience. Dans un éclat, ses yeux s'illuminèrent alors qu'une boule de lumière commença à envelopper son corps. Un éclat que tu observes avec un ravissement intérieur plus que conséquent. ENFIN ! Un changement. Une transformation. Celle qui tonne sous la fureur d'un violent choc mental que la désormais Kirlia balance brutalement sur son adversaire qui s'effondre alors aussitôt. L'attente avait porté ses fruits ! Maintenant, le véritable entraînement pourrait commencer afin de conquérir le stade ultime d'évolution...

Tu as horreur de perdre ton temps. Si c'est particulièrement le cas pour de jeunes dresseurs trop inexpérimentés, tu peux encore le pardonner. Cela n'est que le fruit de leur stupidité et de leur inconscience. Car si l'on a bien insisté sur le fait qu'être champion de l'arène n'était pas d'être le meilleur dresseur du monde, qu'il fallait que cela apporte surtout une 'évolution' pour la personne venant quérir le badge, tu ne laisseras pas pour autant le premier débutant venu repartir trop facilement avec le 'Marais' que tu défendais ! Toutefois, ce qui t'exaspère encore plus que les inconscients inexpérimentés, ce sont ceux qui se targuent d'être de véritables maîtres de l'illusion et du psychisme. De simples guignols en quête d'une gloire et de ta reconnaissance très certainement. Enfin, lorsqu'il n'est pas question de te défier pour espérer prétendre à ton titre, et par extension ton trône. Dans un tel cas, tu ne cherches même pas à ce que ton bras droit, ta remplaçante, s'en occupe. Non ! S'il le faut, tu fais postposer le combat pour que tu sois celle qui fasse réellement face à ton compétiteur. Le but ? Lui montrer que l'on ne doit nullement prendre tes compétences à la légère. Et qui plus est ? Que tu ne laisseras jamais aucun abruti de ce genre effleurer un tant soit peu ton titre, ton rang et ton rôle dans l'arène de Safrania ! Et en ce jour, c'était une espèce d'homme de foire, de petit prestidigitateur à deux pokédollars cinquante qui se voit pousser des ailes. Comme d'autres avant lui, il pense tout savoir et tout connaître. Il s'estime à la hauteur des dresseurs défendant cette arène. Il veut une audition ? Il veut du défi ? Eh bien, il a de la chance car, dans ta grande clémence, tu lui fais un pont d'or de l'accueillir en personne et de le guider jusqu'au centre de l'arène. Ce centre qui est tiens. Ce centre qui est le sanctuaire de ta puissance et ta notoriété. Ce centre où tu vas lui offrir toutes les chances ! Car oui, il n'en n'a pas idée mais tu le gâtes à ne pas faire appel à Opale ou Alakazam. Non, ces derniers sont près de ton 'trône' et demeurent des témoins aussi silencieux qu'attentifs. Le courageux adversaire décide de se battre avec trois pokémon ? Tant mieux, qu'il en profite. Tu fixes tes conditions. Il aura trois pokémon contre un seul des tiens. Celui que tu voulais voir évoluer. Celui dont tu attendais le dernier stade de transformation. Tu sentais qu'il en était proche... Une victime qui sera celle du changement ?

Le combat est lancé. Kirlia en jambe. Kirlia en tête. Son air presque impassible fixe le premier pokémon envoyé. Un piètre Chovsourir. En quête d'un espoir de vitesse, il se lance en hâte pour surprendre et prendre de court ton Kirlia. Sauf que c'est un accueil à coup de téléport qu'elle prend soin d'éviter avec précision chacune des attaques. Attendant d'être suffisamment prêt, et accessoirement dans son dos, c'est d'un revers brutal qu'elle déchaîne une Rafale Psy sur son adversaire qui se voit être pris d'une confusion avant de rendre les armes. Trop de désorientation aura eu raison de sa résistance et sa constitution. Mais que celui qui te défie ne pleure pas trop car, après tout, il lui reste deux pokémon ! Sauf que son entrain doit t'arracher une trace d'amusement que tu veilles de contenir précieusement. Un Staross... Il osait venir défier ton Kirlia avec un Staross ? Mais ton arme n'en ferait qu'une bouchée, comme tu allais lui montrer. Car, si le Chovsourir a eu le temps de commencer son petit cirque, là tu n'hésites pas à balancer une Feuille Magik par le biais de ta Kirlia qui s'illustre sous une forme de magistralité offrant un lot violent de désillusion à ton adversaire. Une attaque. Un seul coup. On en parlait plus. Désormais, ce serait one versus one. Son ultime chance. L'occasion pour lui de ruiner ta réputation, de te mettre à mal face à tous les dresseurs de ton arène, et de saisir fièrement ton titre. Paradoxalement, c'était la preuve qu'il n'avait pas préparé suffisamment le terrain, ni son sujet. Tous ceux qui ne cherchent pas à en savoir plus sur toi ignorent un point capital : tu ne lances jamais aucun défi que tu n'es pas certaine de gagner. Qu'importe la créature qu'il appellerait, au fond de toi, tu sais pertinemment que ce ne sera pas suffisant. Pourtant, l'espace d'une seconde, tu ressens la surprise et l'inattendu. Ce qu'il appelle, tu ne l'as pas vu venir : un Gallame ! Ainsi donc possédait-il une autre évolution de Kirlia que celle que tu pouvais viser ? De quoi rendre la chose plus intéressante ! Les techniques de combat n'étant que trop peu effective sur ton Pokémon, le duel se jouerait entièrement sur la puissance psychique. De choc mental en rafale psy, c'est un affrontement qui fait puiser dans les réserves de ton Pokémon. Il faiblit. Tu le fais tenir, pourtant. Ton ton est monocorde. Ton ton est dur. Mais ton ton est précis. Déterminé. Solide. Sans limite. De sa bouche serrée, ta Kirlia tente tout ce qu'elle peut pour tenir le coup et reprendre le dessus. Mais ses capacités ne suffisent pas. Pas totalement. Pas sans cette lumière. Pas sans ce changement qui s'opère en pleine confrontation d'attaque identique. Son aura s'entoure de cette luminescence si caractéristique et finit par faire apparaître une Gardevoir à l'élégance aussi somptueuse que sa puissance peut s'avérer redoutable. C'est tel un simple revers de la main qu'elle balaie alors la technique du Gallame pour lui asséner un puissant pouvoir lunaire, se déversant et se déchainant comme le plus effroyable des uppercut. L'idiot du jour a perdu. Ton coeur est gonflé de fierté et d'excitation par la transformation de ta créature. Et si tu la félicites sobrement, tu n'accordes surtout aucune attention à l'intrus. Il a voulu jouer, il a perdu... Mais toi, tu as clairement tout gagné !

Il n'y a rien de plus exaspérant que l'incompétence qui n'accepte nullement de reconnaître votre valeur et votre excellence. Il n'y a rien de plus énervant et de plus insultant qu'un regard incrédule qui s'arrête sous la simple apparence qui lui fait face. Raison vraisemblablement suffisante pour vous juger et vous définir sans même vous connaître. Cela n'a rien d'exceptionnel en soi. La stupidité humaine est dans ce fait. Et tous les insectes qui peuplent cette planète ne se manifestent qu'avec un tel état d'esprit. Mais ce qui est pardonnable chez le commun des mortels ne peut nullement l'être pour un individu d'un rang qui se veut, en théorie, plus grand. Plus haut. Supérieur. La supériorité d'un art. Celui de la maîtrise psychique. Celui du domaine renfermant autant qu'il illustre toute notion de puissance de l'esprit. Les disciples d'une telle caractéristique se doivent d'être au-delà de leurs semblables. Car si ce n'est point le cas, c'est qu'il ne mérite aucunement un tel statut. Et c'est une leçon que tu avais d'ores et déjà envie et besoin de donner au champion de l'arène de Safrania !

L'arène de cette ville a toujours été réputé pour y héberger des grands maîtres du psychisme. Des dresseurs extrêmement redoutés à une époque. Des dresseurs et un champion d'une dangerosité nullement négligeable et dont la force dépassait clairement la simple notion de combat Pokémon. On l'oublie trop souvent mais le psychisme est le coeur de tout. Il est coeur, le moteur de ce qui motive une action, une décision, un affect et toute sensation de vie véritable. Sans esprit, comment avoir conscience de ce que l'on est, de qui l'on est, et de la vie qui nous est offerte ? Tel est ce qui t'as toujours fasciné par le monde du psychisme. Et tel est ce qui a toujours trouvé grandeur et intérêt à tes yeux. Ce n'était là que la clé du plus grand des pouvoirs. Du haut de tes dix-huit ans, tu n'en n'avais absolument aucun doute. Un savoir. Une vérité. Une fatalité que le plus illustre des représentants du psychisme avait oublié selon toi. Pathétique dresseur considéré comme un usurpateur ou, tout au mieux, un incapable de plus. Il n'était pas digne d'occuper sa place. Il n'avait pas la puissance et la vilénie qui sommeille en toi. Il n'avait pas le mental pour diriger et asservir. Son temps était révolu...

Pour le prouver, c'est au coeur de la nuit que tu l'as confronté à l'extérieur de Safrania. Nuit de duel. Nuit obscure. Nuit décisive. Aucun mot n'est retenu, ni mâché. Il se voit la victime de tes propos les plus cinglants et obscurs. Il ne représente rien à tes yeux. Comment tant de cruauté peut exister dans un regard aussi jeune et parfait ? Ton apparence n'est qu'un trompe l'oeil qui dissimule ce qu'il y a de plus conquérant et de plus vil, à n'en point douter. Un trompe l'oeil par lequel ta cible n'aura plus la chance de se laisser berner. Psy contre psy. Un seul et unique affrontement. Un un contre un par lequel tu aurais tout à gagner, ou tout à perdre. Mais ta détermination est grande. Très grande. Autant que ce lien indéfectible que tu entretiens avec ton Alakazam que tu envoies au combat. Il fait face à l'expérience de celui du champion en titre. Mais cela ne suffit pas. L'expérience ne suffit plus. Ta puissance le surprend. Ta maîtrise le surclasse. Il est hors du coup. Son propre Alakazam succombe à la férocité du tiens. Tu as gagné... Toutefois, ce n'est pas suffisant à tes yeux. À partir du moment où un champion n'est plus utile, il ne devient qu'une gêne, qu'un obstacle. Encore moins lorsque le dit champion n'estime pas qu'il a à te céder sa place. Sauf que tu ne demandes pas la permission. Ce que tu veux, tu l'obtiens. Ce que tu recherches, tu le possèdes. Sans te salir les mains, c'est sous les injonctions que tu donnes à ton Pokémon que ce soi-disant maître d'arène finit par plier. L'intérieur de son crâne est agressé des vagues psychiques les plus violentes dont ton Alakazam se veut capable. Tes bras sont croisés à hauteur de ta poitrine. Tu le regardes plier le genoux. Tu le regardes tomber à terre. Tu es témoin du sang qui s'écoule de son nez et se répand sur le haut de ses vêtements. Tu attends ce bruit presque imperceptible de craquement qui se manifeste pour claquer des doigts et faire cesser tout acte de ton puissant compagnon de toujours. Le pas lent, calme et stoïque, tu te rapproches du corps afin de glisser ta main dans la veste du champion. Son badge. Son badge à lui. Tâcheté par deux gouttes de sang. Trophée de victoire que tu gardes secrètement cachés depuis cette nuit.

Son corps n'a jamais été retrouvé. Pour ta part, tu t'es simplement contentée sortir de nulle part, telle une outsider, afin de passer les auditions de l'arène. Tes compétences ont parlé pour toi. Aucun jugement quant à ton allure, ton apparence où l'age que tu sembles avoir. Tu as fait l'unanimité aux yeux de tous, et personne n'est arrivé à te mettre en difficulté. Il n'y avait de toute façon aucun doute possible sur la question car ce que tu veux, tu l'obtiens... !

Le respect est une notion sur laquelle on ne peut tergiverser. Un individu lambda n'a nullement besoin d'une reconnaissance particulière. Son statut de lambda proprement dit ne le fait exister que par la foule, que par la masse d'une population bien trop grande et disparate. Il est alors question de millions de figurants apparaissant brièvement dans ce grand film destiné à l'histoire de la vie. Aucun d'entre eux n'aura réellement le premier rôle. Une position qui, elle, en revanche, mérite le plus grand de tous les respects. Il va de soi que le mélange de suffisance et d'arrogance demeurant en toi se voulait caractéristique du dédain que tu offrais à ces figurants proprement dit. Une nuance est à apportée cependant : tu connais ta position. Tu connais ton rang. Tu es supérieure. Ce n'est pas de l'auto-considération, mais un fait. Et cette vérité t'ouvre théoriquement les portes à une certaine forme de reconnaissance et de respect proprement dit. Une leçon que tu te dois d'inculquer au coeur de cette arène de Parmanie. Un apprentissage à infliger au champion en second qui a cru bon de simplement te jauger sur ton physique et la fraîcheur des jeunes années encore présentes sur ton visage. Il prétend que tu ne peux être la nouvelle championne de Safrania. Que ton élégance ne transpire pas l'étoffe d'un champion au sens strict du terme. Il te pique dans ton orgueil. Il froisse ta personnalité glaçante. Et tel un amusement sadique, tu choisis l'unique chemin pour qu'il reconnaisse ta stature et ton propre rang. Qu'il ne fasse par ailleurs pas la bêtise de te ménager. Toi, tu ne le feras pas !

Une fois au centre de l'arène, tu n'uses pas d'un de tes deux Pokémon signature. Tu leur préfères l'allure pitoyable d'un Soporifik sans aucune grâce. Le physique de cette créature te débecte. Il ressemble à une forme éloignée d'un cousin d'Alakazam, croisé avec un faciès cramé au chalumeau et la vivacité d'une intelligence de mongol. Clairement très loin de tes standards ! Cependant, son envoi est calculé. Il veut te ridiculiser ? Alors tu vas l'humilier avec ce que tu as de plus 'minable'. Son Arbok est le premier Pokémon à entrer sur le terrain. Fixant Soporifik, un duel d'hypnose débute entre les deux adversaires. Le regard du serpent est aussi perçant et profond que celui de ta chose, ne pouvant s'empêcher de remuer sa trompe de fourmilier ainsi que ses mains pour renforcer sa technique. Mais Soporifik perd la face. Il succombe à l'hypnose adverse à la grande satisfaction de ton adversaire. Rictus en coin, tu le laisses foncer pour infliger une morsure sur ton 'soldat' qui demeure dans un sommeil visiblement profond. Ce n'est pas grave. Tu fermes les yeux. Ton esprit est relié à chaque Pokémon que tu envoies au combat. Si tu ne prononces pas la moindre parole, tu ordonnes quand même. Agissant comme un somnambule, les yeux de ton Soporifik restent fermé bien qu'une lueur se dessine autour de ses yeux. Son visage se redresse. Il semble possédé. Et sans que le Arbok ennemi ait le temps de comprendre, c'est un choc mental rudement efficace sur le type adverse qui met le grand serpent à terre. Un – Zéro à ton avantage. Voyons voir si ce champion va continuer de fanfaronner.

C'est à Smogogo qu'il fait appel cette fois-ci. Si ton Pokémon continue de somnoler, celui en face n'attend pas une seconde pour balancer un lourd nuage toxique, empoisonnant solidement ton piètre partenaire qui est réveillée par la toxine. Son visage est marqué. La douleur de l'empoisonnement le prend lourdement en otage. Il ne fera pas long feu, et tu ne cherches pas à ce qu'il s'illustre encore durant des heures, non. Tu as un unique projet pour Soporifik : qu'il entraîne l'ennemi dans sa chute. Raison pour laquelle tu lui ordonnes de frapper l'ennemi avec une dangereuse onde folie, déstabilisant totalement la créature toxique. Le Smogogo est désorienté, totalement. Soporifik continue d'encaisser les effets de l'empoisonnement et risque de s'écrouler à tout moment. Le champion ordonne à son combattant. Un combattant confus incapable de l'écouter. L'ordre n'est pas suivi. La confusion entraîne la panique. La panique entraîne la stupidité. La stupidité pousse le Smogogo dans une explosion alors qu'il était largement dominant dans ce duel. Deux Pokémon irrémédiablement mis k.o. Deux à un en ta faveur. Il ne lui reste qu'une chance. Une seule et unique chance afin de justifier le manque de respect qu'il t'a témoigné...

Le niveau s'élève soudainement lorsqu'un Ectoplasma apparaît. Le choix est intéressant. Un goût de défi s'anime finement dans les tréfonds de ton être. Tu maîtrisais le type aussi fatal à la créature spectrale qu'elle-même était ton talon d'Achille. Tu décides de miser non pas sur l'attaque. Si l'Ectoplasma surprenait ou te débordait par sa vitesse, tu serais contrainte de sortir l'un de tes deux Pokémon signature. Par pêché d'orgueil, tu ne voulais clairement pas en arriver là. Tu ne comptais que sur tes deux outsiders afin de gérer ce combat. Histoire que l'humiliation soit plus grande. De plus, ta vanité t'inspire d'autant plus à ne pas user d'une capacité psychique pour mettre plus de 'piment' à cet affrontement. Prouver que tu étais à même de ne pas compter que sur une attaque efficace. Ton choix est fait. C'est un sacrifice que tu envoies sur le terrain. Qu'importe qu'il ne soit plus debout face à l'Ectoplasma. Les règles d'un duel pour le badge étaient claires. Trois contre trois. Il te restera donc un backup à ne pas utiliser pour valider ta victoire. Alors oui, tu envoies le grand bleu. Tu envoies cette tête d'andouille qui ne semble jamais dégourdie et incapable de faire autre chose que de se dandiner comme une poupée gonflable. Une technique, tu ne lances qu'une seule et unique technique : le Lien du Destin ! Ton adversaire fonce et ne réfléchit pas. Il veut simplement te faire payer l'humiliation d'Arbok et Smogogo sans prendre garde. Il balance la plus efficace des attaques spectres de son ectoplasme... Qulbutoké est mis k.o sans aucune sommation. Le champion fanfaronne de son propre orgueil. Mais tu souris. Sourire carnassier. Moqueur. Mauvais. L'adversaire ne comprend pas immédiatement... Jusqu'à se tourner vers son Ectoplasma, gisant, comme mort, sur le sol.

La victoire est tienne. La défaite est sienne. Il saura, à l'avenir, que tu n'es ni à prendre à la légère, ni femme à ne pas avoir droit au respect. Son apprentissage lui aura coûté un badge que tu peux désormais rajouter à ta petite collection !

L'influence est ce qui guide les plus grands génies et les plus grands maîtres à posséder ce qui leur revient de droit. Le plus puissant de tous les esprits peut avoir aucun égal, s'il n'a pas un entourage qui lui permet d'étendre son pouvoir, cela ne sert à rien. Combien de génies ne sont pas méconnus, voire inconnus, tout simplement parce qu'ils n'ont personne dans leur entourage ? Personne à même de faire état de leur grandeur, de leurs succès et de tout ce qu'ils ont à apporter au monde ? Il va de soi que certains naissent avec plus de facilité que d'autres. Tu ne peux nier que ta plus grande chance est d'hériter de toute la sphère influente de ton géniteur. L'irrespect ressenti vis-à-vis de sa mémoire n'a d'égal que la grandeur du cercle d'individus qu'il t'a laissé à son propre insu. Cela permet cette évolution et cette ascension nullement négligeable. Un cercle d'influence n'est toutefois pas assez grand lorsque l'on a de l'ambition et un désir total de contrôle, de pouvoir. La gourmandise d'un 'toujours plus' nous revenant de droit. Voilà ce qui t'importe. Voilà ce que tu mérites. Voilà ton réel héritage. Pas un casino. Pas un nom de famille. Pas un titre de leader au sein d'une organisation criminelle. Mais un monde. Un monde orphelin de sa dirigeante. De sa maîtresse. Sous l'égide d'une gigantesque partie d'échec, tout est joué lentement et calmement. Pièce par pièce. Calcul incessant de toute initiative. De la mesure pour la démesure. De la réflexion pour la folie. De la sagesse pour l'obsession. Ni plus, ni moins !

Ce qui t'incombe aujourd'hui, c'est bien d'élargir l'influence que tu possèdes jusqu'à la belle Carmin. Ton casino possède déjà un poids incommensurable du côté de la cité arc-en-ciel. Ce n'est pas suffisant. On ne peut avancer en se contentant que de ses propres acquis. Tu en veux plus. Tu dois demeurer tapie dans l'ombre de Céladopole mais tu veux l'arène électrique. Non pas comme un gain matériel et ou un matériau de collection. Mais comme une mainmise discrète, silencieuse, dans l'ombre. La confiance et le contrôle de son champion. Car nul ne sait de quoi demain sera fait. Nul ne sait les besoins que l'on pourra rechercher. La confiance d'un champion n'est pas à prendre à la légère, que du contraire même ! C'est une relation de poids qui renforce considérablement ladite influence. Toutefois, ce serait beaucoup trop simple et ennuyeux que de frapper à sa porte et de lui proposer une collaboration. Il aurait toutes les raisons du monde de refuser. Et cela éveillerait les soupçons si tu devais agir en conséquence par la suite. Non. Tu as envie de jouer à un jeu. Ta fortune est colossale. Tes exigences sont toujours respectées. Tes agissements, suffisamment dans l'ombre afin que l'on ne puisse remonter à toi. Il n'aura donc fallu que trois individus. Un comptable. Un leader d'une bande de hors-la-loi. Un livreur. Le livreur était porteur d'instructions claires et précises. Une mallette de plusieurs centaines de pokédollars. Un message imprimé, et parfaitement intraçable. Le comptable avait pour mission d'obscurcir la fortune du champion afin de le guider vers une faillite imminente. On peut tellement manipuler les taxes et les impositions de diverses façons. Sans compter qu'un expert en la matière peut parfaitement créer des dettes là où il n'y en n'avait pas. Le leader, quant à lui, avait carte blanche pour influer de manière angoissante sur le quotidien du champion. Menaces. Dégradations de bien matériel. Agissement contre sa propre famille. Tous les moyens étaient bons. Pour le comptable comme le chef de bande, la mallette offerte ne représentait que cinquante pourcent du cachet total. De quoi motiver tout esprit avide et intéressé.

En tant que dirigeante du casino et championne de Safrania, tu avais déjà eu l'occasion de sympathiser précédemment avec le champion électrique. L'instauration d'un petit climat de confiance avait été nécessaire avant que tu ne mettes ton plan en marche. Vos rencontres se sont aléatoirement multipliées avant que le travail dans l'ombre ne fasse son oeuvre. Échanges souriants, échanges bienveillants. Tu n'étais pas la femme la plus expressive du monde, mais ta bienveillance à son égard était d'une illusion parfaite. La tourmente commence alors sur le plan financier. Les journaux s'en donnent à coeur joie. La population découvre d'obscures dettes dont le champion n'a même pas connaissance. La justice lui tombe dessus. Magouilles, dettes et détournements. Il entre dans une case médiatique qui te permet naturellement de t'inquiéter de ce que tu apprends via les différents médias. Il te confie son incompréhension. Il te confie naturellement ses troubles. Il semble dépassé. Mais il va plus loin que la confession pécuniaire. Il te parle de ces étranges événements qui lui arrivent ou, plus précisément, des inquiétantes personnes s'étant invitées dans son quotidien. Il te parle de ce groupe d'individus qui a commencé à vouloir te lancer des menaces. Ce qu'ils cherchaient ? C'était beaucoup trop obscur que pour avoir une réponse claire et précise sur le sujet. Les forces de l'ordre ? Elles n'osaient pas se tourner vers elle de par le scandale qui l'éclaboussait. À plusieurs reprises, il te retrouve et te confie sa peur, son désarroi, ses angoisses. Il explique que le Pokémon de sa fille, un Rattata, a été retrouvé mort épinglé sur leur porte d'entrée. Sa femme s'est retrouvée à l'hôpital après une mystérieuse agression. Autant sa fille que lui-même ont reçu de nouveaux appels de menace. Tu décides alors d'entrer en jeu, d'entrer en scène. Ta place ? Tu la prends face au caméra, face au public, et à contre-pied de la police. Ton numéro de théâtre s'envole tel que tu l'avais cherché et désiré.

Au début, tu te montres hostiles envers la justice et les forces de l'ordre en soulignant l'intégrité du champion d'arène. Tu fais appel à la bonne réputation que ce dernier a toujours eu aux yeux du public, afin que ses propres concitoyens ne se contentent nullement de croire à ce que pouvaient balancer les médias. Tu redores son blason de ta verve et ta propre sphère d'influence. Tu prends position de manière concrète en apportant toute l'aide financière qui serait nécessaire pour éclaircir les troubles qui touchent le champion. Mais pas que ! Tu détaches une propre unité de surveillance de ton casino afin d'assurer la protection du champion, mais également celle de sa famille. Il va de soi que la capture et l'arrestation de la bande organisée frappant cette famille est un bonus non-négligeable. Puisque la police ne s'attaque pas aux bonnes personnes, alors toi tu le feras ! Les trois semaines qui suivent sont pour le moins tendues et animées. Tant pour le champion que pour les liens entre les forces de l'ordre ou encore la tension ressentie à travers toute la population de la cité portuaire. Il est tant d'agir !

Le premier est le comptable. C'est sans difficulté aucune que tu fais parvenir anonymement son adresse sur l'un des bureaux du commissariat. La police retrouve parfaitement ce dernier et le met automatiquement en garde à vue. Les traces de sa culpabilité sont rapidement découvertes. Il ne peut clairement échapper à ce qu'il a fait. Son avocat réussi toutefois à le faire sortir de prison pour contrevenir d'une assignation à domicile. Le lendemain matin, les médias publient la découverte du corps du comptable dans son fauteuil, mort par une overdose de médicaments. Un problème de résolu. De par cette agitation, personne ne remarque que l'argent reçu par le comptable a disparu. Le blanchiment au sein du casino le fera disparaître définitivement.

Deux jours après la mort du comptable, le livreur apporte une nouvelle mallette au chef de bande. Des instructions sont très claires. La sécurité en charge d'assurer le bien-être de la cible et de sa famille ne sera pas présente ce soir. Ils devront éliminer la famille une bonne fois pour toute. La somme est beaucoup trop motivante que pour refuser d'aller jusqu'au bout. Tout le monde se prépare. L'équipe se met en route. Pas de sécurité. Personne aux alentours de la bâtisse. Les criminels pénètrent dans la maison. Ce n'est pas la famille qu'ils découvrent, mais des hommes cagoulés et entièrement vêtus de noir. Les hors-la-loi sont abattus l'un après l'autre. La scène de crime est réorganisée pour donner l'illusion parfaite d'un règlement de compte durant le saccage de la maison. L'argent est également récupéré afin de ne laisser aucune trace. Tu as tenu ta promesse vis-à-vis du champion. Tu as tenu ta promesse vis-à-vis des médias et des forces de l'ordre. Tu as tenu ta promesse en jurant apporter tout ton soutien et ton aide à la victime et ses proches. Tu as tenu une promesse sans remplir celle des actes vindicatifs et assassins. Il ne manque qu'une seule chose...

En gage de reconnaissance, le champion tient à t'offrir son badge. Sous l'offrande de ce dernier, il souligne parfaitement qu'il a une dette immense envers toi, et qu'il sera toujours là pour toi, pour le moindre de tes besoins. Un contrat tacite est passé entre vous deux. La cité balnéaire de Carmin passe indirectement sous ton contrôle. Un coup rondement mené, et dont tu n'es pas peu fière... Mais ce sera loin d'être le dernier...

L'esprit est fort. L'esprit est puissant. L'esprit est fascinant de par la léthargie dans laquelle il peut plonger un corps. Tout comme dans les miracles qu'il peut lui faire accomplir. Rien n'est jamais une question de force physique ou, tout du moins, pas dans l'absolu. Tout passe par le mental ! Le plus musclé des culturistes verrait sa force brute devenir entièrement inutile si l'on brisait son esprit et l'envie de réaliser le moindre geste. Oui, l'esprit est la première puissance de l'humanité, et de cet univers. Un esprit est marqueur. Un esprit est créateur. Il se veut tout autant réalisateur. Moralisateur. Condamnateur. Destructeur. Et annihilateur. De sa malice naissent les plus grandes idées. De sa malveillance, il peut créer et répandre les guerres autour de lui. De sa réflexion, il peut déjouer tous les complots et en concevoir des infaillibles n'ayant que la finalité de la réussite. L'esprit n'est pas une force, c'est LA force. Cette force que tu te forges d'être tienne. Cette force qui te caractérise et te définit. Cette force que toi seule peut détenir. Et la seule dont tu deviendras reine et souveraine le moment venu.

Pour l'heure, un tel débat n'est pas à l'ordre du jour. Tu es assise, confortablement. Une coupe de Dry Martini avançant jusqu'à tes lèvres pendant que ton autre main caresse finement le pelage de ta Mentali. Tes yeux sont entièrement tourné sur le grand écran plat trônant au centre du mur de ton salon. Sur ce dernier ? Retransmission d'une de ses nombreuses compétitions dont tu es devenue involontairement actrice depuis ta prise de pouvoir de l'arène. Place de choix. Place obligatoire afin d'augmenter ton cercle d'influence. Tout comme poste obligatoire pour tes idéaux de maîtrise, d'excellence et de souveraineté de ce type te collant tellement à la peau depuis toujours. Ladite compétition retransmet un combat au sein de Doublonville, Johto. Un fin rictus effleure le coin de tes lèvres en découvrant les deux dresseurs. L'un arbore aussi solidement que redoutablement le type Acier, là où son adversaire veut défendre sa science des Pokémon psychiques. Voyons voir de quoi ce débutant sera capable ! Au moins, cela te divertira quelques instants avant de te pencher plus en détail sur l'actualité économique de tes actions, obligations et moult investissements.

Tu sembles totalement vide de l'intérieur. Un ersatz d'être humain fixant un écran plat sans la moindre émotion. Ton verre redéposé, ton autre main ayant quitté Opale pour venir se croiser à hauteur de tes cuisses avec sa jumelle, un soupir s'extirpe. Il serait injuste de dire que le dresseur psychique était une catastrophe ambulante. Il avait au moins le mérite d'être plus dégourdi que ton Qulbutoké, ou à peine davantage. Toutefois, ce que tu juges comme un manque de compétences se veut bénéfique pour toi. Une certaine forme de réflexion et d'enseignement se tisse au travers de ton esprit. L'adversaire est extrêmement résistant. D'un coup, le score du combat n'a plus aucune importance. Ce que tu vois, ce qui attire ton regard et te fait froncer les sourcils, c'est cette habileté pour l'adversaire d'acier à ne jamais faiblir, ne jamais faillir. La puissance pure de l'esprit se confrontait à la puissance pure de la résistance. Un mariage naturellement trop rare parmi les myriade de Pokémon existant. Un type qui te poussa à la réflexion comme une seconde arme toute aussi redoutable et mortelle que celle du psychisme...

Il t'aura fallu près de sept jours. Sept jours pour réfléchir. Sept jours pour te décider. Sept jours pour agir. Une semaine entière qui s'écoule avant que l'on vienne t'interrompre au coeur de la Sylphe SARL. Instant même où tu quittais une réunion pour te rendre à une autre. Un homme en costume vient s'arrêter devant toi et s'excuse de t'importuner. Sans rétorquer le moindre mot, tu attends des explications. Il ouvre le colis qu'il tient : écrin renfermant une Pokéball. Il te dit en avoir trouvé un. Difficilement, mais ça été trouvé. Pokéball alors saisie par ton expertise, tu en libère le Pokémon captif. Un Terhal. Conformité face à ton exigence. Tu ne le montres guère mais la satisfaction est présente. La Pokéball est reposée au centre de son écrin. L'exigence est qu'il soit déposer sur ton bureau. Et personne ne te désobéira. Ils n'oseront pas. Nouveau 'jouet' et nouvelle 'expérience', tu t'ouvres à un pari que tu espères gagnant. N'oublions pas qu'aucun de tes investissements n'est gratuit après tout !

Caractère flamboyant pour charisme dérisoire. Que pouvais-tu attendre et espérer d’un champion qui n’était clairement pas l’apanage du calme et de la réflexion? Être porteur du badge volcan ne voulait pas systématiquement dire que l’on devait se présenter sous une allure excentrique et plus exaspérante que réellement vivace. Pourtant, tu n’en n’eus guère le choix lorsque ta route croisa celle de ce ‘collègue’. En cet instant précis, tu n’avais aucun intérêt à lui accorder. Ta visite au sein de l’île volcanique concernait un certain laboratoire et centre de recherches. Pour une fois, tu ne t’avançais pas dans une nouvelle ville avec la nécessité de prouver ton talent et ta suprématie. Alors pourquoi fallait-il qu’on vienne piquer et titiller ce point par lequel tu te ressentais le besoin de corriger une personne? Pourquoi fallait-il que l’indomptable champion d’arène cherche absolument à vouloir se la jouter en ta compagnie? Avait-il à ce point besoin d’entacher son tableau de réussite d’une obscure défaite? Car, soyons clair, aucun doute ne se manifestait dans ton esprit quant à ta capacité à le vaincre et sortir triomphante de cet affrontement. Mais ton hélicoptère attend. Tu n’as pas le temps. La raison de ta venue ici est terminée. Et toutes les casquettes que tu cumules t’imposent un horaire des plus chargés. Seulement, l’exaspérant abruti se targuant du titre de ‘champion’ n’avait de cesse d’embraser le feu de l’insolence et de la supériorité qui ne cessait d’enflammer ton âme toute entière. Il ne voulait pas te laisser repartir sans un face à face. Sans un affrontement digne de ce nom. Il disait avoir connu ton prédécesseur à l’arène de Safrania. Il disait en avoir gagné le badge. Pauvre idiot… Ton prédécesseur n’était rien. Et c’était à ton tour de réparer cet échec en te rendant détentrice du badge volcan. Oui! Il insistait? Il voulait son combat? Un simple regard à ta montre et ta décision fut prise. Ta confiance en toi, aussi magistrale que hallucinante, ne te faisait pas douter de la facilité avec laquelle tu réglerais ce ‘léger contre temps’!

Un combat dans les règles de l’art. Un trois contre trois. Cela aurait pu se montrer intéressant si l’adversaire qui te faisait face avait autant de talent qu’il avait de bagou. Mais ne tournons pas autour du pot. Tu ne te perds pas en fioriture et frappe là où il faut directement. Sous le visage ébahi de ton adversaire, tu enchaînes en moins de deux minutes ces deux premiers Pokémon. Dans d’autres circonstances, tu aurais très certainement pris un malin plaisir à faire durer la torture et imposer davantage ton assurance. Toutefois, ce n’était pas compatible avec la journée qu’il te restait à mener. Raison pour laquelle, c’est ton plus fidèle allié et compagnon de toujours, ton Alakazam, qui avait été envoyé sur le terrain pour répandre la puissance de ses ‘Vague Psy’. Ton for intérieur se congratulait de sa naturelle suffisance quant au pouvoir du mental sur la force brute et purement animale. Les flammes de ton adversaire n’avaient pas le temps de rugir que la défaite résonnait péniblement à son encontre. Il lui restait néanmoins une créature. Une vaine occasion de te menacer et te mettre en difficulté. Étrangement, il n’affichait plus le sourire avenant de votre rencontre. Son visage se déformait sur la colère et la frustration. Ce qui te faisait le plus vibrer dans ce genre de moment? C’est de remarquer sur le visage de ton opposant qu’il avait d’ores et déjà compris sa défaite… Et que malgré tous ses efforts, cette dernière se voulait inéluctable.

Un Galopa. Un Galopa flamboyant qui chercha à entraver et blesser ton Alakazam par une roue de feu qui se perdit au travers d’une illusion de protection. Un seul coup. Juste un. Celui de ton partenaire surgissant dans le dos de l’équidé pour lui infliger toute la fureur de son attaque signature : Psyko! Le Pokémon tenta de résister. Tu voyais bien qu’il cherchait à tenir le coup pour son dresseur… Sans nul doute qu’ils devaient tous deux posséder l’un de ces liens sentimentaux dont tous les idéalistes ne cessent de scander l’importance. Bras croisés juste sous ta poitrine, tes yeux se ferment. Ton visage se baisse légèrement. Tu n’accordes même pas à ton adversaire le respect de le regarder jusqu’à la fin. Tu viens même jusqu’à en rappeler laconiquement ton Alakazam dans sa pokéball pendant que le Galopa tombe d’inconscience sous le son de ta victoire. Tu l’avais prévenu : tu n’avais pas de temps à perdre aujourd’hui! Et c’est pourquoi, sans révérence, tu récupéras le badge t’étant alors dû tout en regagnant à toute hâte ton hélicoptère. On insiste pas. On ne te force pas la main. Et si l’on s’y essaie, alors il fallait accepter le retour de flammes…

Lorsque l’on parie, lorsque l’on veut jouer, il faut accepter d’aller jusqu’au bout. C’est une sacro sainte règle dans la notion du jeu et au coeur de ton Casino. Tu te moques éperdument de la misère dans laquelle peuvent tomber les âmes qui viennent dilapider leur fortune et dépenser leurs économies au sein de ton temple du vice. Ils y entrent après tout en leur âme et conscience. Es-tu responsable de leur malchance ou de leur malheur? Es-tu celle à blâmer parce que certains d’entre eux perdent tout? Non. Tu offres un divertissement. Ta fortune colossale et ton désintérêt pour les jeux de hasard font que tu es immunisée à cette tentation. Tout un chacun n’a qu’à y réfléchir à plusieurs reprises s’il souhaite se libérer de cette addiction onéreuse. En soi, tu pourrais mettre tout en oeuvre pour accentuer ce pêché plus que couteux. Mais ton cynisme sait que tu n’en n’as nullement besoin. L’humanité n’est pas réfléchi, n’est pas sage, ni résolue. Il ne faudra ouvrir que les portes d’un lieu comme le Casino de Céladopole afin d’y voir pulluler tous ceux pensant pouvoir dépouiller les lieux de ses plus belles récompenses. Pour ta part, tu n’es clairement pas intéressée par des jeux comme la roulette, les machines à sous où tout autre n’appartenant principalement qu’à un simple hasard. Tu préfères davantage la connaissance des cartes et le plaisir de prendre de court la table de blackjack ou de t’illustrer au travers de parties de poker. Tu as le mérite d’y jouer sans triche quelconque. Certes, tu ne reconnaîtrais pas publiquement qu’il existe certaines astuces et mécaniques dans ton casino qui permettent de gagner plus facilement contre les clients. Mais, en ce qui te concerne, tu aimes jouer de manière totalement réglo lorsque tu es à une table. Car tu n’as clairement pas besoin de tricher pour gagner et te montrer redoutable!

Peu de personnes t’arrivent à la cheville en termes de poker. Et ce soir, tu as un invité de marque en la présence du champion d’Azuria. Personnalité joueuse, malicieuse et aussi sournoise que peut l’être cet élément aquatique que le champion maîtrise et défendrait corps et âme. Sa venue t’as titillée. Sous une fausse allure bon enfant, tu cherches le duel, tu cherches la partie, tu cherches la confrontation. Votre table attire bien vite les curieux et la foule. Quelques joueurs prennent place pour se joindre à votre partie. Cela prend du temps mais vous finissez par vous retrouver en face à face. Une idée amusante te vient alors à l’esprit. Plus que de l’argent, c’est ton badge que tu lances au grand étonnement de tous au centre de la table. Ton homologue d’Azuria t’observe avec surprise et stupéfaction. Il n’avait clairement pas envisagé que tu puisses monter les enjeux à ce point. Mais fort de sa confiance et de sa main, il finit par afficher un regard fier, satisfait, tout en plaçant royalement son propre badge au centre de la table à son tour. Tu es contente. Tu es satisfaite. Tu ne montres que le plaisir d’offrir du spectacle aux personnes vous entourant et que ce champion se montre aussi joueur. Mais au plus profond de toi, tu es surtout contente d’avoir pu le mener là où tu le désirais. Te montrer faussement aux abois? Cela t’arrivais en termes de technique manipulatoire. L’égo de ton adversaire s’était gonflé de sorte à se sentir aussitôt avec un ascendant sur la jeune mais redoutable championne de Safrania. Il n’a aucune chance. Il ne le sait pas. Il a une très belle main qu’il exhibe avec fierté au moment de la révélation fatidique : carré d’as! Le genre de main qu’on ne voit que trop rarement et qui a le mérite d’offrir une conclusion digne de ce nom. Tu pourrais aisément lui accorder la victoire, sauf que malgré le charisme de cette combinaison redoutable, elle ne fait pas le poids face à la quinte flush royale que tu dévoiles sous le visage médusé de ton adversaire et les applaudissements abasourdis de votre public.

Les gains sont laissés sur la table. Tu te relèves. L’un de tes croupiers vient s’occuper de ramasser l’argent et les badges. Avec toute ton élégance, tu invites ton adversaire à prendre un verre. Vous n’allez cependant pas vous réfugier au bar, mais bien dans ton bureau se trouvant dans les étages. Faste d’un lieu élégant et froid, presque impersonnel, réfléchissant parfaitement ton identité bien souvent insondable. Tu sers un excellent whisky à ton hôte tout en l’invitant à prendre place. Le croupier arrive quelques instants après en venant déposer la recette de ta victoire surmontée de vos deux badges. Pour toi, il n’est nullement question de remettre ta victoire en doute. Pour lui, il semblerait que la fierté de perdre un badge autour d’une table de poker soit inacceptable. Il tente de le récupérer, tout en prétextant qu’une volonté de satisfaire le public et d’amuser la galerie. Mais il a à peine ranger le badge à l’intérieur de sa veste que ce dernier en ressort, pour ainsi dire par magie, afin de revenir se poser sur tes gains de la soirée. Il cherche à comprendre. Tu fermes les yeux tout en avalant tranquillement ta gorgée de whisky. Il cherche à recommencer, mais le badge revient une nouvelle fois sur la montagne de gains. Lorsqu’il tente une troisième fois, c’est sa main qui se voit être entravée dans son mouvement. Tapi dans l’ombre, ton Alakzam se dévoile et apparaît. Ses yeux luminescent prennent le contrôle de ce bras qui ne veut en faire qu’à sa tête. Le champion veut protester. Tu reposes ton verre de whisky et rouvre les yeux. Tu lui rappelles les règles basiques du jeu et ce qu’il encoure de parier, surtout face à toi. S’il ne te croit pas capable de gagner ce badge à la loyale, tu n’en n’as cure. Et tu n’hésites pas à lui faire une autre démonstration de puissance. Comment? Toujours par ton Alakazam qui relâche la main du champion. Ce dernier sent alors son corps se soulever pendant qu’une pression invisible et étouffante agit sur sa gorge. Une simple démonstration, le laissant au barge de l’étouffement avant que ta fidèle créature ne relâche son emprise et laisse ce pitoyable champion retomber lourdement sur le sol. Tu le regardes une ultime fois, de ton regard macabre, glacial, cruel, tout en savourant ta gorgée de whisky. Ses yeux tressaillant sautent d’Alakazam à toi-même à plusieurs reprises. Il finit par se relever dans une grâce devenue aussi ridicule qu’inexistante. Il quitte ton bureau, la queue entre les jambes comme le dit le proverbe.

Offrant un sourire satisfait à ton Pokémon, tu attrapes le badge que cette partie de poker t’avait permis de gagner. Tu l’observes en le faisant glisser entre tes doigts. Tu termines ton verre de whisky. Tu te diriges vers ton bureau. Un tiroir s’ouvre sur un emplacement spécialement réservé pour y recevoir huit badges. Le badge Cascade est ton cinquième. La collection sera presque complète, à ton plus grand contentement…

L’ancien Granite n’était pas du genre à reconnaître la valeur et à accorder sa confiance de n’importe qui facilement, que du contraire! Friable et dur à la fois, on peut dire qu’il avait la trempe parfaite pour gérer la branche qui s’occupait principalement du recrutement et de la formation des nouveaux agents. Il en avait vu passé au cours des années. Il en avait vu des recrues à tour de bras, certaines plus capables que d’autres et inversement. De quoi blaser la perception d’un vieux briscard qu’on n’impressionnait plus réellement. Cela ne l’empêchait guère d’exiger implicitement que tout jeune arriviste se devait de faire ses preuves si ledit arriviste voulait se faire considérer avec un semblant de reconnaissance ou d’égalité. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé avec toi. Granite avait le mérite de ne pas s’encombrer des raisons t’ayant mené à la place de Quartz. Tu succédais à ton père. Comment était mort ce dernier? Il s’en contre fichait royalement! Tu occupais cette place. Tu remplissais convenablement ton office. Tu semblais avoir une certaine autorité tenue hautement en respect par tes subalternes. Des qualités indéniables en tant que grand chef et leader d’une des quatre branches de l’organisation. Aux yeux de Granite, il ne manquait qu’une seule et unique case à cocher : celle de la maîtrise du combat! Tu étais championne? Très bien! Cela ne l’empêchait pas de vouloir te confronter à l’un de ses plus fidèles amis en la personne du champion d’Argenta… Agréable surprise ou prise en otage totalement désappréciée? Eh bien, tu venais ici pour le travail. Tu venais ici pour un entretien avec Granite, pas pour perdre ton temps dans une arène rocailleuse et n’éveillant nullement ton intérêt. Cela te contrarie. Cela ne te plait pas. Cela te glisse dans une humeur plus glaciale que d’habitude. Granite voulait une démonstration? La ville d’Argenta t’accueillant voulait un exemple? Alors, tu allais leur en donner!

Hautaine au possible, tu demeures debout, statique, bras croisés, visage détourné et les yeux fermés. Opale se tient devant toi, au centre du terrain. Sa queue balaie l’air ambiant alors que le champion se perd dans un monologue harassant au possible. Tu as juste envie d’en finir. En tant que championne, tu étais la mieux placée pour savoir que ce type d’affrontement était le nerf de votre ‘fonction’. Qu’il y avait certains de tes homologues qui aimaient y ajouter du spectacle, afin de faire durer le test, l’épreuve, le show. Mais tu n’as pas le luxe du maître de la Roche. Tes innombrables casquettes et tes multiples ‘vies’ s’y rattachant ne te permettent nullement de te pavaner gratuitement, au gré des occasions. Granite est sur les côtés de l’arène. Son regard trahit la confiance envers son ami. Il ne semble pas prendre réellement ta personne au sérieux. Ce n’est pas le premier, ce ne sera pas le dernier. Parfait! Faire ça vite et bien ne renforcera que le choc que tu apporteras au duo de camarades…

Un Simularbre ouvre l’affrontement face à la suffisance de ton Mentali, aussi hautaine que toi. Il fait preuve d’une énergie donnant l’envie de le définir comme un excité ne sachant pas tenir en place. Opale le regarde. Sa queue continue de battre de l’aile. Il tente de la frapper. Elle esquive. Une nouvelle fois. Elle esquive encore. Vive et rapide, elle tourne autour du Pokémon arbre sans qu’elle ne semble s’épuiser. Tu rouvres les yeux. Tu demandes à Opale de ne pas jouer avec. D’en finir. Il n’en faut pas plus pour que ta créature psychique ne balance la férocité d’un Choc Psy faisant chanceler une première fois la Simularbre… Avant qu’il ne finisse par s’écrouler sous le contre-coup de cette attaque. L’horreur d’un Amonistar se dévoile alors. Coquillage préhistorique tentaculaire à l’apparence on ne peut plus ridicule et faussement monstrueuse. Il semble vouloir autant en découdre que son maître… Magnifique! Tu intimes à Opale de l’assomer de regard touchant tout en tournant vivement autour de lui. La lenteur de ce Pokémon préhistorique joue contre lui. Victime de ce regard on ne peut plus touchant et attendrissant de la part de ta redoutable Opale, il devient relativement inoffensif… Si bien que c’est telle une abjecte humiliation que tu l’envoies au tapis à l’aide d’un simple Choc Mental. Il n’en reste plus qu’un. Un Gravalanch. Costaud. Massif. Ouvrant toute voile dehors une gueule et énorme et beuglante. Tu souris en coin. Tu indiques à Opale que c’est le moment de jouer. Une formulation, un regard… et ta créature a compris! C’est sous un regard luminescent qu’elle laisse une Prescience discrète avant de revenir tranquillement vers toi. L’humilitation? Tu vas la renforcer en envoyant un minuscule Galekid sur le terrain. Granite ne rit pas. Le champion s’amuse de cette bêtise. Successivement, Galekid esquive un Éboulement avant d’être salement pris sous un Tomberoche. Blessé mais toujours debout, il se relève sur ses petites pattes. Il a perdu en rapidité. Le Gravalanch sourit et enchaine aussitôt avec une attaque Roulade. Une reprise. Deux reprises. Le Galekid prend des chocs qu’il encaisse difficilement, mais il n’abandonne pas. Le Pokémon adverse, quant à lui, n’a pas le temps de s’élancer dans une troisième roulade. Il est rattrapé par la capacité d’Opale, toujours sagement assise à tes pieds. Le champion la regarde. Il te regarde ensuite. Mais il est trop tard! C’est sous la violence du choc de la Prescience que le Gravalanch s’écroule là où Galekid a salement morflé mais tout en montrant que tu avais bien fait de t’intéresser à un tel type de Pokémon…

Un nouveau champion s’écroule. Une nouvelle victoire s’accompagne d’un badge rejoignant ta collection. Cela ne t’aura pas pris davantage de temps que nécessaire et, même si tu n’en n’affiches rien, prouver une fois encore ta suprêmatie sur un adversaire est toujours d’une saveur exquise. Au moins, Granite accepte de te considérer et de passer à l’importance de ta présence dans cette ville. Vous allez enfin pouvoir vous tourner vers les affaires. Bien que, si cela ne lui suffit pas, sans doute prendras-tu encore quelques minutes supplémentaires pour le défier également. Tu ne seras pas à un petit combat près, non…?

Cela fait un sacré moment que tu as laissé dormir ta collection de badges à l’intérieur du tiroir de ton bureau. La cause? Lui. Ce Pokémon. Cet être créé artificiellement. Cet apôtre de puissance psychique. Cette propriété qui s’est envolée, échappée. Ce légendaire qui t’obsèdes et que tu n’as de cesse de vouloir traquer, encore et encore. Le cas Mewtwo s’est confronté avec ton cumul de responsabilités et l’état déplorable dans lequel le reste de l’organisation se mettait de plus en plus. La fragilisation et la ridiculisation de la Team Rocket te sortait détestablement par les yeux. Il fallait resserrer la vis. Réaffirmer l’importance et la puissance de l’organisation d’une main de fer. Mais les catastrophes surviennent. D’abord Kanto. Ensuite Cramois’Île. Ta responsabilité publique t’éloigne de certains objectifs qui te tenaient tellement à coeur par le passé. Mais désormais, tu peux souffler. Tu peux respirer. Ou, tout du moins, tu peux t’octroyer un instant d’égarement. La restructuration de l’organisation est en bonne voie. Le nouveau visage de la Team Rocket sera plus dur, plus impérial et conquérant. Ta traque, elle, continuera en secret pendant que, aux yeux de tous, tu demeureras l’illustre directrice et propriétaire du Casino de Céladopole, et l’actionnaire majoritaire et visionnaire de la Sylphe.

Pour l’heure, tu savoures cet instant de liberté pour renouer avec le contenu précieux du tiroir de ton bureau. Un badge. Il ne te manque qu’un badge. Et c’est tout en tenant la une du journal représentant la Maîtresse de la Ligue que ton hélico amorce son atterrissage à Jadielle. Cynthia Wright. La Maîtresse de Hoenn. La Maîtresse de Kanto. Celle dont l’arrivée t’avait inspiré à conclure cette quête que tu avais autrefois commencé, près de dix années auparavant. Une quête dont tu te voyais déjà triompher avec cette suffisance qui te poursuit encore aujourd’hui. La supériorité des talents psychiques n’a jamais fait aucun doute à tes yeux, qu’importe l’élément te faisant face. Qu’importe la fameuse ‘règle des types’. L’esprit est le moteur de tout. L’esprit est la force. L’esprit est ce qui dirige. L’esprit est ce qui permet de vivre et d’avoir conscience. L’esprit est celui qui commande et, par extension, qui se veut aussi primordial que supérieur. Les années que tu as gagné en réflexion, sagesse, folie et ambition n’ont clairement pas calmé cette certitude. Et, une fois encore, tu t’apprêtais à en faire toute la démonstration au coeur de cette nouvelle arène. De cette dernière arène. L’ultime qui te sépare des portes de la Ligue. La toute dernière avant de te rendre jusqu’au Conseil Quatre afin d’affronter la grande élite de Kanto… Et vu que cette dernière arène est symbolique, tu décides de t’y rendre avec un seul et unique Pokémon. Tu voulais tester ce présent. Celui de cet écrivain de la Roche Royale. Ce Pokémon que tu voulais. Ce Pokémon que tu désirais. Ce Pokémon rejoignant la collection de tes armes favorites sous une apparence des plus menaçante et flamboyante. Une merveille. Une perfection. C’était à lui de ne pas te décevoir!

Il ne joue pas dans un terrain propice. Il a théoriquement le désavantage du type sur les Pokémons du champion adverse. Tant mieux! Cela te permettra de pimenter un peu les choses. Tu n’as pas envie que ton dernier combat soit celui d’une manipulation ou d’une facilité déconcertante. Tu veux être poussée dans tes retranchements. Tu veux ressentir l’adrénaline t’envahir et chercher à te faire vaciller. Tu veux du lourd! Et même si le Sablaireau, servant de premier adversaire, ne semble pas trop vous inquiéter outre mesure, l’arrivée du Triopikeur change déjà la donne. Ton Ossatueur parvient à éviter avec vivacité les Tunnel de l’adversaire. Mais il vous empêche de le toucher de par cette attaque. De plus, les esquives rapides à répétition risquent de clairement épuiser ton Ossatueur qui ne peut se le permettre. Et ça ne trompe pas! C’est dans un cri de douleur que ton partenaire est balancé dans les airs après un Tunnel qu’il n’a pu éviter et un tremblement d’une lourde ampleur que le Triopikeur vient assainir. Ossatueur n’est pas du tout en forme. Tu ne peux pas douter pour autant. Ton cerveau fourmille dans ses réflexions multiples et incessantes. Tu t’en veux. Tu t’en veux de ne pas y avoir penser plutôt. L’évidence frappe ton esprit avec un tel dédain que tu t’en taperais presque le front si tu étais plus démonstrative. C’est sous un redressement et un Laser Glace solidement percutant que tu fais trembler le Triopikeur, ralenti par une glaciation partielle que tu viens achever pour la symbolique d’un Osmerang rageux. Le Triopikeur est mis hors jeu. Il ne reste plus qu’un Pokémon adverse. Ton Ossatueur ne risque pas de pouvoir supporter une attaque supplémentaire, et il a été relativement épuise par ses esquives. Aurais-tu eu la bêtise de croire trop hautement en tes capacités? Non. Non car tu ne crois pas. Tu sais. C’est là toute la différence!

Le troisième et dernier Pokémon est envoyé. Ton sourire s’affiche malicieusement sous un rictus en coin. Ossatueur te regarde. Tes iris se plantent dans les siens. Tu hoches la tête. Il te répond d’un petit signe positif. Technique improbable, tu te sers d’un Étonnement pour prendre le Steelix de vitesse avant qu’il ne balance un Séisme. L’attaque est vive, l’attaque touche. Mais, surtout, l’attaque touche la cible et la met dans un état de stupéfaction te permettant d’agir à nouveau en repoussant une forme d’inévitable. Cela te permet de faire invoquer un Danse-Flamme qui vient piéger l’adversaire dans un torrent enflammé le brûlant. Tu encourages ton Ossatueur pour qu’il donne tout ce qu’il a. Le Steelix tente une Queue de fer que ton Pokémon évite en contre-attaquant par une Roue de Feu. L’ennemi n’aime pas. L’ennemi rugit. La douleur semble présente. Désorienté ou non? Toujours est-il que le Steelix tente un Éboulement au travers duquel ton Ossatueur s’élance dans un ultime effort afin que sa seconde Roue de Feu n’achève une bonne fois pour toutes ce combat. Un torrent de flammes aveuglant englobe les deux créatures avant de s’éteindre sous l’accompagnement d’un nuage de poussières. Ils se font tous les deux faces. Ossatueur est essoufflé. Son petit corps bouge au rythme de sa respiration saccadée alors que le Steelix grimace de toute sa grandeur et sa stature. Ton regard est lourd, solide, concentré. Tes poings sont serrés. Tu es plus tendue que tu ne l’as jamais été au travers d’un combat d’arène. Il faut qu’il tienne. Tu n’accepterais pas une défaite entachant ta quête des badges, ou même ta réputation de redoutable championne. Ossatueur vacille. Il a du mal. Tu le vois. Tu le sens. Mais c’est pourtant sous un grand tremblement que le Steelix vient s’échouer en premier, totalement hors d’état. La victoire t’est décernée : Ossatueur et toi venez de triompher!  

Rappelant ta créature dans sa Pokéball à l’entente du verdict, tu offres ce repos hautement mérité à ton partenaire. Tu prends par la suite la peine d’afficher un sourire respectueux et un hochement de tête gratifiant à cet adversaire qui te remet son badge. Ce combat était stimulant. Il t’a permis de ressentir ce goût de la compétition que tu gardes enfouie en toi, même s’il ne s’exprime que trop rarement. Il t’a donné l’envie de finir ce que tu avais commencé il y a si longtemps. Preuve en est? Tu quittes l’arène. Tu remontes dans ton hélicoptère. L’engin s’envole alors que tu reprends la une de ce journal. Tu observes le visage de la Maîtresse de la Ligue. Sa fonction et ses responsabilités en tant que tel t’importent peu. Tu sais juste que, le moment venu, tu la confronteras pour se mesurer à l’élite de l’élite… Et montrer une fois de plus la supériorité de l’esprit et du psychisme…!