Inventaire:

Te voilà à Lavanville.

Durant ton périple entre ces murs maudits, tu as rencontré 07 Pokémons (kadabra ; cornèbre x2 ; fantominus ; ramoloss ; feuforêve ; abra).

Certains t'ont intéressée, d'autres non, et au final tu as capturé 02 Pokémons en utilisant 02 Pokéball, 02 Superball et 00 Hyperball.

Comme tu sais parfaitement que la vie est injuste, tu as vu fuir 01 Pokémon (feuforêve ;)

Voici la liste de tes nouveaux compagnons, ceux que tu as réussi à coincer dans tes petites balls ;
- Kadabra, Psy, lvl 10, ♀ (équipe)
- Fantominus, Spectre/Poison, lvl 10, ♂ (stockage)
- Abra, Psy, lvl 10, ♂ (stockage)

Tu réfléchis, Cassiopée. Tu réfléchis à ton avenir, comme si tu avais quinze ans.

Il faut dire que tu as passé une bonne partie de ta vie à ne pas pouvoir faire de choix par toi-même. Alors, devant l'immensité des choix qui se trouvent devant toi, tu es perdue. Tu es perturbée. Parce que les remontrances de ton père t'indiquaient au moins ce que tu avais le droit de faire ou non. Tu as perdu ce repère là, le seul que ton paternel ait réussi à te donner. Tu dois beaucoup à Sélène, tu le sais, mais il t'arrive trop souvent d'être perdue, aujourd'hui.

Tu sais ce que Sélène et Autumn attendent de toi. Tu te défonces pour leur offrir ce qu'elles veulent. L'admiration que tu as pour elles ne s'expliquent pas, et tu ne veux pas lui donner d'explications. Tu leur es reconnaissante de t'avoir tendu la main, de t'avoir sortie du cirque, là où ton talent était étouffé, bafoué. Mais maintenant, tu navigues un peu à vue. Il est certain que tu fais du bon boulot, tu te décarcasses pour obtenir les résultats exigés par Sélène.

Mais toi, qui es-tu ?
Qui veux-tu être ?

Tu n'as jamais eu la chance de pouvoir te laisser aller à la découverte d'autres choses que le cirque. Et pourtant, tu veux plus. Et tu sais, aussi, que Dionysos a besoin de plus.

C'est un peu naturellement que tu as pensé à la quête des badges.

T'as jamais eu l'intention, avant, d'affronter les Champions. Tu étais coincée au Cirque, tu n'étais pas vraiment libre de tes mouvements. Et pourtant, Dionysos n'est pas un Pokémon de salon. Il est fait pour combattre. Il est fait pour être sur le devant de la scène. Il est fait pour écraser ses concurrents. Tu le sais, il s'impatiente de plus en plus. Il s'impatiente du fait que tu le laisses mijoter dans la médiocrité d'une existence sans confrontation.

C'est pour lui que t'es là, aujourd'hui.
Pour lui trouver des compagnons.
Pour tenter ces foutues arènes.

Si des gamins y arrivent, pourquoi pas toi ? Ils n'ont probablement rien de plus que toi. Alors, oui, c'est pour Dionysos que tu veux te bouger. Ton Hypnomade mérite que tu te bouges pour lui. Que tu tentes le tout pour le tout. T'es pas très ambitieuse, mais qu'importe. Si c'est pour lui, tu feras tous les efforts du monde. C'est une certitude.

Alors, okay, tu veux bien te lancer là-dedans. Un sac sur l'épaule, les Pokéball toutes prêtes à être balancées à la tronche des Pokémons sauvages, tu guettes. T'as pas d'idées de l'équipe que tu voudras, à terme. Tu sais juste que tu veux garder Dionysos à tes côtés jusqu'à la fin.

C'est ta seule certitude. Il t'en faut bien une.

Alors, voilà, tu te bouges. Dionysos, à tes côtés, s'étire un peu.

« Bon. » te dis-tu à toi-même, en jouant avec une Pokéball. « Je te laisse juger de la valeur de ceux qu'on croisera ici. » ajoutes-tu à l'attention de Dionysos. Tu sais d'avance que tu serai nulle à ce petit jeu, et pourtant tu ne veux t'entourer que des Pokémons les plus puissants.

Dos à vous, un Kadabra semble en pleine méditation.
Tu échanges un regard avec Dionysos. Parfois, les mots sont superflus.

Vous êtes sur la même longueur d'onde. Tu te fais aussi discrète que lui. « Qu'est-ce que tu en penses ? » souffles-tu à ton Pokémon. Ce Kadabra a une aura particulière. Une aura qui t'attire. Et, visiblement, c'est aussi le cas pour Dionysos. Il n'arrive plus à décrocher son regard de la bestiole.

« On y va ? »

Légère hésitation qui se partage entre vous. Puis Dionysos acquiesce, et tu suis. Ce compagnon, tu n'as pas tellement envie de le manquer. Parce que son aura, tu jugerai que c'est celui d'un guerrier. Il est paisible, pourtant, mais il dégage quelque chose.

Dio et toi, vous vous élancez.
Ordres claqués, le combat n'est pas gagné d'avance.

Et puis, au moment fatidique, tu lui envoies ta Superball entre les deux yeux, tu la vois s'activer, lumière qui aspire le Pokémon. Est-ce que c'est de la maltraitance que d'arracher les Pokémons à leur milieu ? À vrai dire, t'en sais rien, et tu es trop occupée à retenir ton souffle à chaque secousse de la ball pour y penser. Et puis, la ball arrête de s'agiter.

Toi, il te faut quelques secondes pour comprendre.
Quelques secondes pour capter que t'as réussi.

La ball est là, au sol, immobile. Regard que tu échanges avec Dionysos, fin sourire qui fini par étirer tes lèvres alors que tu te mets en marche pour récupérer la sphère.

Tu la sers un peu dans tes mains, cherchant à souspeser le poids de la Superball maintenant remplie. Le Kadabra se trouve là, dans le creux de ta paume. Pokémon arraché à son milieu ; il aurait pu refuser la capture, fuir, t'attaquer. Mais il s'est laissé attraper.

Activation de la Superball, l'éclat de lumière pourrait presque t'aveugler. En ressort un Pokémon superbe, qui te toise du regard. Son cri est plus aigue que ce à quoi tu t'attendais. Ce n'est pas un « il » qui se trouve devant toi. C'est une « elle » coriace, au regard dur. Elle dégage toujours cet aura particulière. Celle qui aurait pu faire fuir certains humains, alors qu'elle t'attire, toi.

« Minerva. » souffles-tu, en attendant sa réaction. La Kadabra te regarde, puis acquiesce, avec un air princier.

C'est donc acté. Te voilà l'heureuse dresseuse d'une Kadabra à l'aura écrasante, d'une Minerva superbe qui semble toute prête à croquer le monde. Ce n'est pas le même genre d'aura que celui de Dionysos. Lui est d'une nature mauvaise. Elle, en revanche, est juste particulière.

« Est-ce que tu as vu des Mr Mime, ici ? » demandes-tu alors à ta nouvelle compagne, qui acquiesce encore une fois. Tu sais qu'ils sont ici. Tu sais aussi qu'ils se font rares. Auras-tu la chance d'en capturer un ?

Te voilà donc à la recherche de ce rare compagnon, de ce Pokémon si particulier qu'il t'attire comme un aimant. Peu de personnes n'arrivent à apprécier les Mr Mime à leur juste valeur. Toi, tu es certaine d'en vouloir un à tes côtés. Parce qu'il sort de l'ordinaire. Dans la même veine, tu voudrais trouver une Lippoutou. Il y a quelque chose, chez les Pokémons humanoïdes, qui t'attirent particulièrement.

Mais ce n'est pas face à un Mr Mime que tu te retrouves.
Tu as du mal à respirer, alors que face à toi, une boule à l'état gazeux t'offre un sourire mauvais.

Tu n'as jamais eu aucun problème avec les Pokémons Spectre. Bien au contraire ils sont, après les Pokémons Psy, ceux qui t'intriguent le plus. Tu remontes sur ton visage le haut de ton t-shirt, vérifies que Dionysos et Minerva ne souffrent pas trop de l'air empoisonné.

Hors de question pour toi de passer à côté de ce Pokémon.
Digne représentant des Spectres que tu pourras étudier pour tenter de percer ses secrets.

L'air est à peine respirable, tu as envie de trouver un autre endroit, mais tu persistes. Pokéball dans la main, tu lances l'objet, espérant prendre par surprise l'être spectral qui se trouve bien trop proche de toi.

Le Fantominus est effectivement pris par surprise, ne s'attendant pas à ce que tu lui lances dessus quoi que ce soit pour le capturer. Trop surpris, il ne peut se débattre. La capture se passe rapidement, et tu ramasses la Pokeball qui contient le Spectre.

Pour le moment, il restera dans l'objet.
Tu n'as pas tellement envie de finir empoisonnée par ses gaz toxiques.

Tu ranges sa nouvelle habitation dans ton sac, poursuivant ainsi ton chemin, Dionysos et Minerva à tes côtés. Les Pokemons Psy semblent en pleine conversation. Dio aurait-il réussi à trouver un partenaire qu'il ne méprise pas ? Tu camoufles ton sourire. Ce Kadabra est une bonne chose pour votre duo. Peut-être qu'il permettra même à Dio de s'ouvrir un peu plus, qui sait ?

Dionysos n'a pas l'habitude d'être entouré de Pokémons. Il y a bien sûr ceux de Sélène et ceux d'Autumn, mais c'est différent. L'Hypnomade ne s'approche pas des deux femmes et de leurs Pokémons. Peut-être manquait-il d'un compagnon, d'un Pokémon avec lequel partager son quotidien ?

Tu ne sais pas, mais tu constates que la présence de Minerva lui est déjà bénéfique.
Tu constates même, peut-être pour la première fois, que ton Hypnomade sait sourire.

Trop occupée à regarder Dionysos, tu trébuches.
Les pas incertains, tu titubes, finissant sur ton séant.

Le responsable de ta chute se redresse en baillant, pas perturbé pour un sous. Il te regarde de ses grands yeux stupides, avant de s'assoir sur son fessier et de se gratter la tête, cherchant certainement à comprendre ce qui vient d'arriver.

Ta mâchoire se crispe un peu.
Stupide Pokémon, penses-tu.

Tu te relèves pour épousseter tes vêtements, jetant au Pokémon rose un regard mauvais. Mais le Pokémon cligne des yeux, te regarde avec le regard le plus doux et le plus pur de l'univers. Ça suffit à t'adoucir, alors que tu lâches un soupire. Derrière un rocher, tu aperçois deux autres Ramoloss, beaucoup plus petits, qui regardent la scène, à demi-cachés.

« Va les retrouver, allez. » dis-tu, alors que le Ramoloss suit ton regard.
Il vient se frotter à tes jambes, avant de s'enfuir vers ses petits. Et il te fait sourire en t'adressant un grand signe avant de disparaître avec sa progéniture.

Aussi stupide soient les Ramoloss, celui-ci a réussi à te toucher. Tu as vu toute sa gentillesse, toute sa crédulité. Et tu sais que ça aurait été réellement maltraitant, sur ce coup, de chercher à le capturer. Il aurait laissé derrière lui deux petites créatures bien trop jeunes pour pouvoir se débrouiller par elle-mêmes.

Tu as toujours eu bien plus de considération pour les Pokémons que pour les humains. Peut-être parce que tu as toujours vu la perfidie dans les comportements de tes semblables. La lutte acharnée pour quelques minutes de gloire, quitte à faire tomber les meilleurs, à les descendre, quitte à prendre leur place par tous les moyens possibles.

Misanthrope, tu l'es parce que les humains t'ont prouvé qu'ils ne valaient pas grand chose.

Rares sont ceux méritant ton intérêt réel. Tu as beau paraître sociable, donner l'impression d'être accessible, presque tournée vers ton prochain, tu n'oublies pas ton aversion pour l'humanité. Les êtres humains sont aussi stupides que le plus imbécile des Ramoloss ; pour preuve, ils ne se rendent même pas compte de tes petits jeux. Ils se font dépouiller en te souriant.

Les Pokémons, eux, ont plus de valeurs.
Il est vrai que tu ne comprends pas pourquoi les humains se permettent de les maltraiter.

Tu as une aversion plus profonde encore envers les humains qui ne se rendent pas compte de la supériorité des Pokémons. C'est peut-être votre race qui possède des Pokéball, mais c'est la leur qui pourrait décimer vos villes sur un coup de tête.

Peut-être est-ce pour ça que certains humains veulent à ce point les soumettre.
Par crainte, certainement, que les Pokémons puissent les réduire à néant.

Tu es un peu du genre à espérer la destruction de l'espèce humaine, parce que tu en as vu les mauvais côtés. Tu as vu les Hommes se comporter comme des connards, se descendre les uns, les autres. Tu as vu tes semblables se tirer dans les pattes à cahque occasion, comme si la notion d'humanité n'existait pas. Tu n'y crois plus, à cette notion. Tu ne crois plus au fait que les Hommes puissent être bons.

Malgré la confiance que tu portes à Sélène et à Autumn, tu as aussi conscience de leur faille. Elles sont moins visibles que sur la plupart des gens, mais elles sont là. Seulement, elles sont différentes. Elles ont un valeur que les autres n'ont pas.

Mais la réalité reste que tu as du mal à supporter les humains. Tu as du mal à te sentir à l'aise dans un événement regroupant trop de gens au même endroit. Tu donnes juste le change, tu parais toujours particulièrement avenante, souriante, sociable. Les Hommes sont stupides, ils ne voient que ce qu'on leur agite sous le nez. Ils ne voient que ton sourire, pas ta main qui se glisse dans leur proche. Ils n'entendent que le tintement de ton rire, pas le dédain qui se cache au fond de ta gorge.

Peut-être que les choses auraient été différentes si tu avais grandi dans d'autres circonstances, si ta vie avait été plus stable. Mais ce n'est pas le cas. Tu as fait ton deuil d'une enfance normale ; mais celle que tu as eu laisse forcément des traces.

Mais l'espèce humaine a encore de beaux jours devant elle.
Même les événements qui se sont passés dans la Région n'ont pas été en mesure de mettre un terme à la toute puissance de l'humanité.

Ça te dégoûte un peu. Voir tout ce monde qui s'agite, qui fourmille. Voir ces gens et leurs sourires hypocrites ; ça te donne de l'urticaire. Tu essaies de chasser ces pensées, de te concentrer sur le moment. Tu as loupé ton tir de Superball, ne provoquant que la fuite de la Feuforêve que tu visais.

Merde.

Ta mâchoire se crispe. Tu voulais vraiment ce Pokémon. Le type Spectre te fascine probablement autant que le type Psy. Mais tu ne désespères pas. Dans le fond, tu n'es pas pressée par le temps, rien ne t'oblige à quitter les lieux tout de suite. Peut-être réussiras-tu à remettre la main sur un Feuforêve ?

Au lieu de ça, c'est de nouveau un Cornèbre qui apparaît, agitant ses ailes en te criant dessus. Tu arques légèrement un sourcil, avant de lever les yeux au ciel et de te détourner du Pokémon sauvage. Les Cornèbres ne t'intéressent pas. Ils font, au mieux, de superbes épouvantails, mais tu ne vois pas une autre utilisation de ces Pokémons.   

Frustration crispante, muscles de la mâchoire contractés alors qu'elle regarde l'un de ses Pokémons convoités s'enfuir, partir loin d'elle.

Soupire, étapes du deuil qui se passent en quelques secondes. Sûrement aura-t-elle d'autres occasions, sûrement devrait-elle simplement passer à autre chose. Grande têtue qu'elle est, pourtant, elle sait qu'elle ne quittera pas les lieux sans avoir enfermé dans une petite ball le Pokémon spectral, capturer son essence, fait de lui un compagnon de plus.

Le respect des Pokémons se heurte à ses envies. Cassiopée doit faire avec ; se retrouver avec sa dissonance cognitive alors qu'elle ferait tout pour ramener comme un trophée un simple Feuforêve. Elle essaie de ne pas trop y songer, parce qu'elle sait qu'elle s'en occupera avec amour et patience, parce qu'elle sait qu'elle ne maltraitera jamais ses compagnons.

Vicieuse petite constatation qui continue tout de même de planer en elle ; la violence des captures. Il est question d'arracher à son milieu un petit être qui n'a rien demandé. Mais comment progresser autrement ? La réponse est évidente ; c'est impossible. Aucun dresseur ne peut éviter l'étape de la capture.

Mais est-elle une dresseuse ? Se sent-elle vraiment prête à se lancer dans la quête des huit badges de la Région ?

Dans le fond, elle se sent limitée aux rôles que l'on a composé pour elle.

Marquée au fer rouge par les attentes de son père, elle reproduit dans sa relation avec Sélène ce besoin d'être l'objet d'un autre, d'être guidée par l'ambition d'une autre personne. Parce que ses propres ambitions n'ont qu'un contour flou, une forme à peine esquissée.

Cassiopée, dans le fond, n'a jamais vraiment su qui elle était.

Pourtant, la quête des badges pourrait la faire vibrer. Peut-être est-ce pour ça qu'elle n'arrive pas à se poser professionnellement, filant d'un job à l'autre sans jamais jeter son dévolu sur quoi que ce soit. L'idée de collectionner les badges lui arrache toujours quelques sourires, mais sera-t-elle capable d'aller jusqu'au bout ?

Cassiopée a peur de se lasser, de se lancer dans quelque chose de trop grand pour elle.
C'est sûrement stupide. C'est aussi intrinséquement lié à son manque de confiance en elle.
Cassiopée n'a pas conscience de ses capacités, alors même qu'un Pokémon comme Dionysos lui a accordé sa confiance.

Elle se voit toujours comme la gamine qui se faisait hurler dessus par son père. Comme la déception de la famille, celle dont le numéro manquait de perfection. Elle a peur, aujourd'hui, que ses actions soient à l'image de ces numéros – jamais assez bien.