La boule au ventre, la jeune femme raccrocha son téléphone. Elle s’était mise en retrait derrière les arbres pour répondre au téléphone sans déranger son frère. La veille ils s’étaient enfoncés dans la forêt en quittant la ville de Mozheim quelques jours plus tôt, alors que Dean semblait motivé par la rechercher d’une énième relique sacrée concernant Xerneas, le Pokémon légendaire dont on raconte qu’il serait endormi dans une forêt sous la forme d’un arbre millénaire. Alors qu’elle repensait à cette histoire, Céleste observa la forêt autour d’elle. * Sûrement pas cette forêt … * Rien ici n’était empreint d’une quelconque solennité. Une forêt avec un légendaire caché parmi les buissons se devait au moins d’être … Belle ? Resplendissante ? Impressionnante ? Quelque chose comme ça. Difficile de juger en faisant du camping entre des arbres normaux. Mais Céleste avait la vague impression que si jamais il devait y avoir un quelconque phénomène lié à un Pokémon légendaire, la forêt serait sûrement chargée d’énergie … ou un truc du genre.

Elle rangea son téléphone dans sa poche et lâcha un long soupir en revenant vers la clairière où son frère avait visiblement entrepris de rassembler le matériel de camping. Voilà des semaines qu’il s’était lancé à travers la région pour tenter d’apaiser une sorte de soif intarissable de connaissances en tout genre sur certains Pokémons légendaires. Au fond d’elle même, la jeune femme bouillonnait, trop heureuse d’apprendre qu’on lui avait offert une place au conseil des 4 de la belle région de Kanto. Bien sûr, elle adorait Kalos, mais peut être que changer d’air ne serait pas une mauvaise chose. Même s’il ne l'avouera jamais, il était devenu obsédé par toutes ces légendes et ces recherches l'obnubilaient bien trop pour qu’il puisse rester sain d’esprit. Elle bomba le torse et avança vers Dean avec un grand sourire. « Hey, bien dormi ? J’espère que la sonnerie du téléphone ne t’as pas réveillé ? » Elle espérait vraiment que cette conversation puisse se dérouler sans embûche. Mais c’était sans compter le caractère bien trempé de son petit frère. Sans attendre la réponse, elle se dirigea vers son sac a dos, le ventre noué par la discussion qui se présageait à l'horizon. Aurait-elle la force de hausser le ton si Dean n'était pas d'accord avec elle ? Qui sait, elle se faisait peut être du soucis pour rien. Elle se surpris a sourire en envisageant qu'il pourrait accepter de la suivre à Kanto.

Le sommeil n’est plus ce qu’il était autrefois. L’esprit ne s’arrête pas. L’esprit ne se repose jamais. Même si tu le voulais, tu es incapable de passer une véritable nuit de repos depuis plusieurs semaines déjà. Fruit de ces lectures mythiques, mystiques et révélatrices de bien des secrets, et bien des dangers, envers lesquels tu ne peux pas relâcher la pression un seul instant. Ce que tu as découvert? Tu n’en laisses filtrer que de très rares éléments, même auprès de ta soeur. Ce n’est pas un manque de confiance, que du contraire. C’est juste une manière de la protéger. Il ne faut pas être aveugle pour remarquer qu’elle s’inquiète, qu’elle se fait du souci. Et elle a raison! Tu deviens un véritable obsédé par cette quête que tu t’es lancée et imposée à toi et toi seul. Traquer cette secte… Telle est la raison pour laquelle tu vous avais guidé jusqu’ici. Céleste pensait que vous ne cherchiez qu’une simple relique. Mensonge éhonté. Mais mensonge car si elle savait la vérité, elle aurait tout fait pour te dissuader… Et c’est clairement le genre de débat et de conversation que tu ne tenais pas avoir avec elle. Était-il si dûr de simplement croire en toi et te faire confiance? Se lassait-elle de l’avoir soudainement toujours fait?

Toujours est-il que c’est de ton visage fermé, à la limite du maussade, que tu replies votre campement. Inutile de te formaliser sur la conversation téléphonique de ta soeur. Jamais tu ne serais envahissant au point de te mêler de sa vie privée et des personnes pouvant la contacter. Les yeux? Ils trahissaient ton épuisement sous la forme de cernes extrêmement bien marqués, beaucoup trop même! La teinte de ta peau? Pour le moins palichonne par le manque de sommeil accumulé. Ne manquerait plus que la sueur et tu pourrais presque passé pour un drogué qui est en manque de sa dose. “Hein?” C’est à peine si tu l’as entendu lorsqu’elle s’est adressée à toi. Il te faut quelques secondes pour que les mots qu’elle t’apporte se fasse une place parmi ton flot incessant de pensées et de réflexion. “Non, c’est bon. Je dormais pas vraiment toute façon.” Rassemblant des affaires dans ton propre sac à dos, ton regard se tourne discrètement vers ta soeur. Tu la connais. Tu la connais parfaitement bien. L’un et l’autre, vous pouvez lire en vous comme dans un livre ouvert. “Ca va pas?” Demandes-tu simplement, avec une froideur que tu n’avais jamais eu auparavant, pas avant ces dernières longues semaines. Paradoxe alors que ton inquiétude est réelle !

Elle lui avait demandé comment il allait, mais elle n'avait presque pas entendu la réponse, comme perdue dans ses pensées. Elle n'avait pas non plus remarqué qu'il avait mis quelques longues secondes à comprendre la question, obnubilés par ses propres démons. Dans son esprit, Céleste se retrouvait déjà dans l'arène du Conseil des 4 de Kanto, la lumière familière des projecteurs de la célébrité braqués sur elle. Son esprit n'avait fait qu'un tour, elle s'était souvenu du prestigieux comité de Coordination de Kanto, peut être pourrait-elle également y trouver une place afin d'asseoir un peu plus son emprise sur le monde qui s'ouvrait à elle ? Gardevoir, qui l'avait suivi silencieusement jusque la poussa un petit gémissement. Le duo n'avait pas besoin de se parler pour se comprendre, et cela avait toujours été ainsi. Les capacités psychiques du Pokémon facilitaient grandement un mode de communication silencieux, basé sur les émotions des deux interlocutrices. Gardevoir se plaça aux côtés de sa dresseuse, une aura de sérénité émanait d'elle et Céleste ferma un instant les yeux pour profiter de ce sentiment de plénitude. L'excitation passée, elle se reconcentra sur son frère.

« Ca va pas ? » « Si, tout va bien au contraire ! Je te raconterai tout à l'heure, mais pour l'instant je meurs de faim ! » Décidant qu'il y avait mieux comme açon d'entamer la journée que par une discussion houleuse -ou non- sur leur avenir respectifs, la jeune femme attrapa 2 barres de céréales dans son sac à dos ainsi que des croquettes Pokémon. Elle en tendu une poignée à son Pokémon, qui accepta l'offrande en tendant ses mains gantées pour recevoir les friandises. Elle lança un regard plein d'espoir à Dean, avec une petite moue. « Je n'ai plus que ça ... et comme une idiote je n'ai pas pensé à reprendre de quoi petit-déjeuner lors de notre passage à Mozheim. Ca nous ferais faire un détour d'y retourner je suppose ? » La question était à peine voilée : allaient ils s'enfoncer encore plus profondément dans la forêt ? Au fond d'elle même, Céleste s'énerva contre elle même : elle avait évité le sujet de son offre de poste mais elle avait dérapé malgré elle sur un autre terrain glissant. Le but de leur expédition était totalement inconnu pour la jeune femme, et courir derrière son frère sans poser de questions était épuisant. Elle avait bien remarqué qu'il rechignait à lui répondre et cela l'agaçait de plus en plus.

“Ok.” Rien. Pas plus de paroles. Comme si tu n’avais pas le temps d’exprimer du superflu ou de l’inutile. Tu sais que le temps est quelque chose de précieux et que tu ne peux pas te permettre de rester trois heures à replier votre campement. Ta propre faim? Elle est réelle. Elle est présente. Mais tu n’y accorde pas d’intérêt. Tu es debout. Tu tiens le coup. Pas de temps à perdre. Et surtout, encore moins lorsque ton aînée te balance sa ‘mauvaise’ nouvelle. Tu termines de rassembler tes affaires alors qu’elle s’occupe de nourrir Gardevoir. Aurora aurait bien besoin de manger également. Mais pas de détour. Non. Tu ne veux même pas l’envisager un seul instant. Un détour signifierait prendre encore plus de retard. Combien avais-tu de retard d’ailleurs? Où en était cette foutue secte? Qu’en était-il du danger que ça pourrait représenter? Et puis à quoi bon retourner sur ses pas pour s’offrir du luxe et de la facilité alors qu’il y avait largement de quoi se débrouiller dans une forêt?! “Oublie l’idée. On n’a pas le temps. On n’avancera jamais comme ça… Faudra juste être plus vigilant à la prochaine halte sur ce qu’il manque, c’est tout.” Clément? Non. Il ne l’est pas. Moins de clémence. Moins de patience. “On fera avec les fruits et les baies qu’on trouvera sur le chemin.” Rajoutes-tu comme un dirigiste qui finit de boucler ses affaires et son sac à dos.

Voyant que ta soeur s’affairait à faire manger sa partenaire, tu en profites pour passer devant elles deux. “On décolle dans cinq, dix minutes, pas plus.” Balances-tu comme si tu t’adressais à des subalternes que tu respectais à peine. Un bruissement d’herbes parvient jusqu’à tes oreilles, à quelques mètres de vous. Tu veux le nier, tu veux le cacher, mais tu es tellement crispé et sur les nerfs que ta simple réaction est de te retourner brusquement en balançant une pokéball comme s’il s’agissait d’un caillou ou d’une arme de défense. Tu entends que ça bouge, tu entends quelque chose qui se mouve. Tu reviens sur tes pas et t’avance vers l’origine du bruit. “C’est bon… C’est juste un Flingouste.” Glisses-tu aussi sec, comme pour rassurer et alléger la potentielle tension amenée autant par ce bruit que par ta réaction. Ta tête bourdonnait. Tu ne te sens pas bien. Tu n’es pas bien. Tu en as conscience mais ça ne peut pas t’arrêter. Quoi qu’il arrive!

* Ok * ... Il ne s'agi que d'un simple mot de 2 lettres, qui traduit le désintérêt total de son frère pour la vie de Céleste. Vouée corps et âme à le suivre dans toutes es pérégrinations depuis des mois, il semblerait visiblement que plutôt que de l'apaiser, cela n'ai fait que l'encourager dans cette voie. Quelques minutes plus tard, alors qu'elle lui demande s'il est possible de faire un détour, la réponse qu'elle se prend est d'une violence douloureuse. Cette homme qui lui fait face est-il vraiment le frère aimant qu'elle a connu et avec qui elle entretenait une relation fusionnelle ? Elle est énervée, mais au fond surtout, elle s'inquiète. Que se passe-t-il dans sa tête ? Quel projet peut bien être si énorme qu'il en oublie jusqu'à l'essence même de leur relation ? A ses côtés, Sky semble sentir toute la peine de la jeune femme, car elle pousse à nouveau un soupir en gémissant. Sa dresseuse se tourne vers elle, acceptant ce gémissement comme un mot d'encouragement. « On décolle dans cinq, dix minutes, pas plus. » Céleste se renfrogne mais ne dit rien, de toute façonil n'écoute personne lorsqu'il est comme ça. La joie qu'elle avait ressenti au téléphone quelques minutes auparavant s'est envolée laissant place à la sensation de mal être encrée en elle depuis quelques semaines. Elle commence a emballer son sac, voyant que Gardevoir a fini de manger. * Des baies et des fruits ... super. * Visiblement ça n'allait pas être la joie lors des prochains repas. Elle espérait au moins que cette tête de Tiboudet qu'était son frère aurait la prévenance d'en ramasser quand il en verrait. Exaspérée, elle ferma son sac avec un mouvement plus brusque que prévu. Gardevoir observa sa dresseuse sans rien dire. Pendant qu'elle réfléchissait, elle observait les sourcils froncés son frère. Tellement sur les nerfs qu'un petit bruissement d'herbe et le voilà en train de lancer rageusement une Pokéball dans le vide. Enfin, pas tant le vide que ça. Le clic qui résonne annonce qu'il a visé juste malgré sa surprise et sa tension. Etonnamment, cela a le don d'énerver Céleste encore plus. Quel idiot vraiment. Elle se lève d'un bond et met son sac à dos sur son épaule.

L'air impatiente, elle s'adresse à son frère sans tenter de dissimuler la douceur habituelle de sa voix. Elle est énervée mais également tellement inquiète qu'elle n'arrive pas à lui en vouloir. Le pauvre doit bien être préoccupé par quelque chose. Mais quoi ? Au fur et a mesure de leur avancée, Céleste avait appris a ne plus poster de question, hormis des choses pratico pratiques. « Je suis prête. On va ou du coup ? On en a pour longtemps à marcher ? » Sans attendre de réponse car elle sait que son frère ne répond pas toujours, elle avance et se met à le suivre sans rien dire, Sky à ses côtés. Au bout de quelques dizaines de minutes de marche dans le silence, elle se lance enfin, tentant de dérider son frère. « Tu te souviens quand on s'est perdus dans la forêt de Vestigion ? » Bien que son frère ne moufte pas, elle se met à rire doucement en se rappelant quelques souvenirs d'enfance. « Papa et maman se sont lancés à notre recherche pendant deux heures, alors qu'on était en train de tenter d'allumer un feu pour faire cuire les chamallows que j'avais pris en partant. ». * Dean ? Tu m'entends ? * Céleste hausse les épaules d'un air désinvolte, il finira bien par répondre un jour.

Contradiction. Trouble. Entêtement. Protection ratée et déplorable. Comportement inacceptable et abject. C’est à se demander si tu ne frôlait pas une espèce de dépression ou de burn-out à te comporter de la sorte avec l’unique personne de ta vie! Céleste a toujours été tout ce que tu avais. Jamais tu ne pourrait la blesser, jamais tu ne l’aurais envisagé, ni accepter… Alors pourquoi? Pourquoi faut-il que la moindre chose émanant d’elle, ou la concernant, semble suffire à tout simplement t’énerver comme jamais?! Preuve en est que tu es imbuvable et que tu es limite là à bouillonner de l’intérieur sous la manière visiblement brusque et contrariée qu’elle a de refermer son sac et de le remettre sur ses épaules. “On marchera le temps qu’il faudra. Mais t’auras droit à tes pauses si t’en as besoin…” Tes réponses à la limite du monocorde sont tellement à des années lumières de ta personnalité joueuse, taquine, blagueuse, piquante, bienveillante et rieuse que tu as toujours eu, encore plus avec ton aînée. Elle a toujours été une femme, à la fois simple et drôle, souriante et délicate, intelligente et frivole, ainsi que la meilleure des partenaires. Et, dans l’obscurité de ton obsession et de ce qu’on pourrait appeler ta folie, tu ne la percevais plus que comme une petite princesse capricieuse exaspérante au possible. Il suffit juste d’un petit mot. Il suffit juste de t’arrêter. D’expirer. De poser calmement tout ce qui s’entremêle dans ta tête pour réparer ton comportement de deux manières concrètes : redevenir comme avant et, surtout, lui demander pardon. Tu sais qu’il n’y a que ça à faire pour apaiser la situation et que, même à ton encontre, cela devienne beaucoup plus agréable et viable. Quitte à ne pas tout lui dire sur cette quête et cette obsession, au moins l’encourager à toujours te faire confiance sans gonfler ses méfiances et ses inquiétudes…

Nostalgie. Douleur heureuse. Image fugace d’un passé tellement plus innocent qui fracasse tes ténèbres intérieures afin d’y laisser filtrer une parcelle de lumière. Vos pas sont incessants. Le silence s’est installé longuement une fois encore, avant que la mémoire de ta soeur ne brise ce mutisme lourdement insupportable. Petite victoire? Elle arrive à t’arracher un sourire! Ou plutôt, un rictus! En tout cas, il y a au moins une réaction qui se manifeste sincèrement, spontanément, et sans être celle d’une froideur profonde et blessante. “Hm… Ouais…” Le timbre de ta voix se radoucit un peu à celui employé précédemment. “Je me souviens que je me suis mis à bouder car ils nous ont retrouvé alors qu’on avait enfin réussir à cuire ces foutus chamallows.” Ce rictus s’étend dans un petit sourire qui se détend un peu plus, sans que tu ne t’en rendes compte ou le contrôle. Est-ce que ça te fait du bien, cependant? Oui! “J’avais juste envie d’envoyer Barpau sur les parents pour qu’ils nous rendent les chamallows et qu’on évite d’être punis…” Tes pas ralentissent puis s’arrêtent petit à petit, juste de quoi laisser ton visage se retourner partiellement vers celui de Céleste. “Désolé pour le réveil… J’ai pas eu une bonne nuit…” Tu baisses la tête, reconnaissant qu’il n’y a pas de quoi être fier. “Mais vu qu’on est plus habile maintenant, on pourrait faire un détour à Flusselles pour des chamallows et les faire nous-mêmes, sans se faire priver par les parents…” Néanmoins, une lueur un poil plus sérieuse revient aussitôt se manifester dans tes iris. “En revanche, après cet… écart de chemin… faudra rattraper notre piste, d’ac’?”

« Je me souviens que je me suis mis à bouder car ils nous ont retrouvé alors qu’on avait enfin réussir à cuire ces foutus chamallows. J’avais juste envie d’envoyer Barpau sur les parents pour qu’ils nous rendent les chamallows et qu’on évite d’être punis… » Elle s'esclaffa en se rappelant ces souvenirs. C'était une victoire qui lui semblait incroyable, inespérée. Elle avait semblait-il réussit à dérider un peu son frère qui était tendu comme jamais ce matin la. Plus fière qu'après un match de ligue ou un concours de coordination, la jeune femme souriait comme une enfant, alors même qu'il n'y avait pas vraiment de quoi s'extasier. Dean avait simplement parlé après tout. Mais il lui avait répondu. Mieux que ça, il semblait se détendre un peu. « Désolé pour le réveil… J’ai pas eu une bonne nuit… » Décidément, on arrête pas le progrès ! Céleste le regarde avec un air doux. « Pas grave petit frère, on a chacun nos humeurs. » Au fond d'elle même, elle savait qu'elle aurait du se rebeller, lui hurler dessus que ses excuses n'étaient pas vraiment à la hauteur du traitement qu'il lui faisait subir depuis des mois. Elle se laissait mal parler systématiquement, et les excuses volées lors de discussions moins houleuses n'étaient pas suffisantes. Pour autant, comment lui en vouloir ? Il avait l'air tellement mal ses dernières semaines que Céleste ne voyait pas vraiment quoi faire. C'était son rôle de le soutenir quo qu'il arrive non ? Ils avaient toujours su se protéger tous les deux et prendre soin l'un de l'autre. Un nuage dans une relation quasi fusionnelle ne devrait pas remettre en question l'entièreté des fondations d'une amitié profonde.

« Mais vu qu’on est plus habile maintenant, on pourrait faire un détour à Flusselles pour des chamallows et les faire nous-mêmes, sans se faire priver par les parents… En revanche, après cet… écart de chemin… faudra rattraper notre piste, d’ac’? » Les yeux de la jeune femme se mirent à briller et elle sourit sincèrement à son petit frère. Vraiment quel progrès. Dès lors qu'elle imagina les chamallows, elle se mit à saliver rien qu'avec le plaisir généré par la perspective de manger des bonbons comme des gamins autour d'un petit feu de camp. Elle hocha la tête avec ferveur. « Génial !! Je pourrais faire deux trois courses pour les prochains petit déjeuners aussi, je suis désolée d'avoir zappé a notre dernière halte. » Elle baissa la tête un peu honteuse.

Finalement, ils se remirent en route rapidement, direction Flusselle. Elle souriait discrètement en regardant le sol pour ne pas se tordre la cheville sur le sol rocailleux. Alors que leur petit groupe avançait, la jeune femme sentait son appétit se réveiller à l'idée d'arriver en ville. Elle regarda sa montre. Ils avaient encore au moins une bonne heure de marche avant d'arrivée la bas.« Je crois que je n'ai jamais été a Flusselles ... mais j'aimerai bien des chamallows avec du chocolat si on en trouve ! » Son discours était décousu mais dans sa tête les idées tournoyaient avec rapidité. Gardevoir la suivait de près, sans un bruit tandis que Dean marchait devant elles avec un pas rapide comme à son habitude.

La patience n’était clairement pas un trait que tu partageais avec ton aînée. Cette dernière faisait preuve d’une résilience à toute épreuve que toi-même n’aurais jamais su témoigner. Elle était plus mûre, plus sage… Mais suffisamment hermétique à tes sautes d’humeur pour autant? Tu ne parierais pas là-dessus. Tu sais qu’elle sait se mettre en colère. Tu sais qu’elle a un caractère relativement solide se cachant sous son apparence adorable et faussement trop douce. La chance était clairement de ton côté pour qu’elle te supporte sans éveiller un seul instant ce voile d’obscurité, enfoui en elle. Alors, même si elle veut te faire croire que ce n’est pas grave, tu sais que ça l’est. Et si ça ne l’est réellement pas pour elle, pour toi, oui… Bien qu’il soit sans doute préférable de profiter de cette bouffée d’oxygène empreinte de bonhomie plutôt que de te risquer à des excuses hasardeuses, maladroites, pouvant faire pire que mieux! Non, conserve donc ces prémisses de sourire et de relâchement de tes traits les plus abruptes face à son enjaillement. Tu y secoues d’ailleurs aussitôt la tête de droite à gauche, comme pour faire amende honorable. “Ca peut arriver, y a pas mort d’hommes non plus.” Tu voulais la rassurer même si, en soi, ça t’avait clairement énervé. Réaction naturelle pour cette optique où tu considérais qu’elle n’avait que ça à gérer, et qu’elle arrivait encore à passer à côté. N’y pense pas. Ne pense pas à ça, Dean! Autant t’accrocher autant que faire se peut à ce sourire, à cette joie que ta simple détente a pu provoquer chez ta soeur.

“Tu n’as jamais été à Flusselles?!” Sa révélation te surprit quelque peu. Implicitement, tu pensais que ton aînée avait déjà parcouru l’ensemble de la région, tout comme toi. Elle t’y a déjà accompagné assez souvent sur les routes et ta mémoire aurait juré qu’elle s’y était déjà arrêtée. L’étonnement se marque pendant que tu marches en tête. “C’est là qu’on y trouve la championne de type Psy… Une coriace ! Mais son arène est une des plus belles que j’ai vue…” Exprimes-tu tout en poussant un petit rictus. “Qui sait? Peut-être que tu pourrais y tester les talents de Sky?” Coules-tu un regard sur le duo formé par ta soeur et son Pokémon. Ce serait un bon test après tout ou, tout du moins, une bonne occasion de faire le point sur les progrès que ta soeur avait pu faire avec le temps. “La ville est belle également… Si on a vraiment le temps de se le permettre, je t’emmènerai peut-être jusqu’au cadran solaire…” Ce n’était pas une décision fixe. Tu voulais essayer de faire preuve d’une marque d’effort mais le temps était un luxe que tu ne possédais clairement pas dans l’obsession de tes réflexions. “Et il me semble effectivement qu’on pourra y trouver un confiseur près des autres commerces si mes souvenirs sont bons…” Autant rassurer la gourmandise et l’estomac de ta frangine - elle le mérite largement !

« Ca peut arriver, y a pas mort d’hommes non plus. » Cette simple phrase avait suffit à calmer toute l'anxiété de la jeune femme. Son frère était un emmerdeur caractériel, mais elle savait qu'il n'avait pas un mauvais fond. Et même si des fois c'était compliqué, l'amour qu'elle avait pour lui surmontait toutes les difficultés. La jeune femme souriait en voyant son frère s'ouvrir peut à peu et finalement cette journée ne s'annonçait pas si mal. « Tu n’as jamais été à Flusselles?! » La surprise de Dean fit tout à coup douter sa sœur, qui essaya de creuser dans sa mémoire. Non vraiment, pas de souvenirs de la ville. Peut être qu'en y allant, cela ferait tilt dans son esprit, mais en attendant, elle secoua la tête pour confirmer que non, elle ne connaissait pas la ville. « C’est là qu’on y trouve la championne de type Psy… Une coriace ! Mais son arène est une des plus belles que j’ai vue… Qui sait? Peut-être que tu pourrais y tester les talents de Sky? » La jeune femme observa son frère avec des yeux ecarquillés. Affronter un champion d'arène, pas sure qu'elle ai le temps. Son frère était passé d'un empressement visible et une tension palpable à une envie soudaine de voir sa sœur faire un crochet pour combattre ? Bizarre. Peut être que la culpabilité l'avait fait ravaler la colère qui l'animait ce matin pour autant la jeune femme n'avait tout de même pas la tête à flâner quand elle voyait dans quel état son frère pouvait se mettre lorsqu'on l'éloignait de sa mission sacrée.

« Oooof, pas sure que ce soit une bonne idée ! Et puis tu sais ce qu'on dit, dans certaines situations, essayer de prouver qu'on est le meilleur est une insulte. » Elle adressa un sourire fier à son frère. Oui vraiment, elle n'avait pas grand chose à prouver. Non seulement car elle connaissait sa valeur en combats Pokémons mais également car la quête des badges pour la "collection" ne l'intéressait pas forcément. Son frère lui sourit en retour et continua de se décrire à sa soeur la fameuse ville vers laquelle ils se dirigeaient. « La ville est belle également… Si on a vraiment le temps de se le permettre, je t’emmènerai peut-être jusqu’au cadran solaire… Et il me semble effectivement qu’on pourra y trouver un confiseur près des autres commerces si mes souvenirs sont bons… » Un cadran solaire ? Non vraiment aucun souvenir. Des bonbons ? A présent, la jeune femme trépignait comme une enfant qu'on emmenait dans un parc d'attractions et elle affichait un sourire ravi. « Aaaah faut qu'on se dépêche alors ! Le programme me plait ! » A ses côtés, Sky avait enfin le visage apaisé, ravie que sa dresseuse soit enfin détendue. Au fond, elle savait que ce calme n'était que temporaire. Encore faudra-t-il qu'elle aborde le sujet de la proposition de pose à Kanto. Ca n'allait pas être une partie de plaisir. Ils avancèrent quelques dizaines de minutes en bavardant légèrement de tout et de rien, tout en maintenant un bon rythme de marche. A bon d'un temps que Céleste aurait été incapable de quantifier correctement, la silhouette de la ville leur apparu enfin, majestueuse. On apercevait au loin ce que Céleste identifia immédiatement comme le fameux cadran solaire. « C'est magnifique ! » Elle piaillait et faisait des petits bonds en avançant vers l'objectif. « Tu crois qu'on a le temps de s'arrêter manger dans un petit restaurant si on en trouve un ? J'ai trop faim, et j'ai bien envie de manger à une table plutôt qu'autour d'un feu de camp aujourd'hui ! »

@Dean Finnegan